Faut-il « mourir sans rencontrer la mort » ?

Publié le 7 Mar, 2016

Partant de la récente autorisation d’une « sédation profonde et continue » introduite par la Loi Claeys-Leonetti, Danielle Moyse[1], propose une réflexion sur la fin de vie.

 

Dans son Livre des morts tibétain écrit en 1975, Chôgyam Trungpa, explique comme il est important « de dire à la personne qu’elle est en train de mourir », expliquant que l’impossibilité d’accomplir un tel geste s’apparente à « un refus (…) terrible, fondamental, de l’amour ».

 

Pour autant, précise Danielle Moyse, « nous pressentons qu’il ne confond ‘laide à mourir’ ni avec le geste létal, ni avec l’endormissement des mourants ». Pour lui, « la preuve ultime d’amour serait d’aider un agonisant à apprivoiser l’approche de sa mort, c’est-à-dire de rendre possible qu’il la rencontre ».

 

Mais aujourd’hui, comment ne pas se demander si nous n’attendons « pas confusément des médecins qu’ils fassent en sorte que les êtres humains n’aient plus à traverser le dernier moment de leur vie ? L’aide à soutenir la venue de la mort dont parle Trungpa est-elle imaginable et acceptons-nous encore l’éventualité de mourir les yeux ouverts ? » Devant l’invitation à rester lucide au moment de la mort, « nous demandons presque tous à la loi d’organiser une situation telle que nous pourrions anticiper la mort, mais sans en faire l’épreuve. Nous en sommes venus à penser que l’idéal est de mourir sans rencontrer la mort ». Avant de conclure : « La proposition de plonger définitivement les mourants dans l’inconscience n’est autre que l’expression de cet idéal ».

 

[1] Danielle Moyse est chercheuse associée à l’Iris, au CNRS, à l’Inserm et à l’EHESS et expert Gènéthique.

La Croix 08/03/2016

Partager cet article

Synthèses de presse

Drapeaux Europe
/ PMA-GPA

“Exploitation de la GPA” : une forme de traite des êtres humains selon le Parlement européen

Le Parlement européen a voté en faveur du projet de révision de la Directive européenne sur la traite des êtres ...
Des fœtus de singe génétiquement édités in utero
/ Génome

Des fœtus de singe génétiquement édités in utero

Lundi, des chercheurs de l'université de Pennsylvanie et de l'hôpital pour enfants de Philadelphie ont affirmé être parvenus à modifier ...
ia_-_istock-636754212
/ E-santé, Génome

Un « ChatGPT » pour générer des outils d’édition du génome

Des chercheurs ont développé une « nouvelle technologie d’intelligence artificielle générative » qui peut générer des outils d’édition génétique ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres