Faire du profit ou changer le monde ? Des entreprises choisissent les deux

Publié le 2 Fév, 2021

Le rôle des entreprises a-t-il muté ? C’est ce qu’affirme une enquête du Figaro. « Pour le meilleur et pour le pire », les entreprises « se sont muées, depuis quelques années, en acteurs moraux, résolument engagés dans la société ». Ainsi, la société L’Oréal « soutenait, de son côté, il y a quelques mois, dans un message interne, le parcours de gestation pour autrui (GPA) d’un de ses dirigeants », malgré l’interdiction de cette pratique en droit français.

Pour Armand Hatchuel, professeur aux Mines, « autrefois, les rôles étaient bien répartis : l’État détenait l’intérêt général, la société civile se préoccupait de ses besoins, et les entreprises, de leurs profits. À ce prix, les entreprises pensaient avoir gagné leur liberté, en réalité, elles étaient sorties de l’histoire. » Mais « désormais, l’État, la société civile et les entreprises dessinent en commun l’avenir » affirme-t-il.

La contribution au « bien commun » au cœur des stratégies d’entreprise

« La question qui se pose aujourd’hui est celle de l’intensité : la contribution au bien commun est-elle au cœur de la stratégie des entreprises ou à la marge » estime de son côté Laurence Méhaignerie, présidente de Citizen Capital. La France, avec la loi Pacte de 2019, a « institué un statut juridique réservé aux acteurs plus engagés, “l’entreprise à mission », ainsi qu’un « label beaucoup moins contraignant, la “raison d’être“, dont s’est immédiatement emparé tout le CAC 40 ». Et « les gestionnaires d’actifs mondiaux, tels que BlackRock ou Amundi en Europe, coordonnent désormais leur action autour de principes édictés par l’ONU ». Ainsi, « les dix-sept objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’institution sont devenus, en quelques années, des standards internationaux ». Et en France, pour intégrer l’association Tech for Good France, une entreprise doit « répondre à au moins 2 des 17 critères des objectifs de développement durable de l’ONU », précise Jean Moreau, le président de l’association qui regroupe « les entreprises du numérique mobilisées pour le “bien commun ».

Investir dans une start-up ? Le débat devient bioéthique

Une notion désormais prise en compte par les investisseurs donc. Nicolas Celier, cofondateur de Ring Capital raconte comment, alors qu’il étudiait « un investissement dans une start-up qui proposait des solutions d’aide à la fertilité », avoir entendu « certains autour de la table estima[nt] qu’il était positif d’aider des couples en difficulté », quand d’autres pensaient « que cela contrevenait à nos engagements environnementaux ». De son côté, Guillaume Desnoës est un entrepreneur qui milite pour un « serment de l’entrepreneur », établi à partir des principes de la « dignité de la personne humaine, la non-marchandisation du travail, le respect du vivant… »

Appliquées à « des projets concrets », « ces réflexions prennent tout leur sens ». Mais « elles deviennent vertigineuses dès lors qu’elles veulent s’imposer comme un agenda universel des transitions à mener ».

Source : Le Figaro, Anne de Guigné (01/02/2021) – Photo : iStock

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