Face à la pandémie, « revenir à l’essentiel pour saisir la pleine valeur de la vie »

Publié le 23 Juil, 2020

« La Covid-19 a apporté la désolation au monde », la pandémie « nous a privés de l’exubérance des étreintes, de la gentillesse des poignées de main, de l’affection des baisers, et elle a transformé les relations en interactions effrayantes entre étrangers et en un échange neutre d’individualités sans visage, enveloppées dans l’anonymat des équipements de protection. Les limitations des contacts sociaux sont effrayantes ; elles peuvent mener à des situations d’isolement, de désespoir, de colère et d’abus ». Dans un document de l’Académie Pontificale pour la Vie, le Vatican veut proposer des « méditations intempestives sur la renaissance de la vie ». « Que faire de tout ceci ? Comment notre halte nous empêchera-t-elle de tomber dans l’inertie de la complaisance, ou pire, de la connivence dans la résignation ? »

 

L’Académie regrette « les métaphores dominantes qui envahissent à présent notre langage ordinaire mett[a]nt l’accent sur l’hostilité et sur un sentiment envahissant de menace : les encouragements répétés à “combattre” le virus, les communiqués de presse qui sonnent comme des “bulletins de guerre”, les mises à jour quotidiennes sur le nombre de personnes infectées donn[a]nt une impression de champ de bataille ». Et elle rappelle que « nous avons été témoins du visage le plus tragique de la mort : certains ont connu la solitude de la séparation aussi bien physique que spirituelle de tous, laissant leurs familles impuissantes, incapables de leur dire au revoir, même pour leur fournir cette simple piété de base avec un enterrement approprié ». La note souligne également que « les services de soins ont survécu en raison des impressionnants sacrifices réalisés par les médecins, les infirmières et les autres professionnels de la santé, plus que grâce aux investissements technologiques ».

 

Mais pour le Vatican, « au-delà de ces situations dramatiques et traumatisantes, cette pandémie offre aussi une chance de revenir à l’essentiel pour saisir la pleine valeur de la vie ». Ainsi, « l’évidence douloureuse de la fragilité de la vie peut aussi renouveler notre conscience de sa nature donnée, espère l’Académie. En revenant à la vie, après avoir savouré le fruit ambivalent de sa contingence, ne serons-nous pas plus sages ? Ne serons-nous pas plus reconnaissants et moins arrogants ? »

 

« Il s’agit d’ouvrir les yeux sur la réalité des êtres humains qui vivent de telles limites dans leur propre chair. » Invitant à « une sensibilité plus vive à la détresse des pays pauvres », l’Académie pour la Vie appelle à surmonter ces difficultés « par des efforts internationaux et des politiques engagées », déplorant que « certains pays se so[ie]nt parfois livrés à un jeu cynique de blâme réciproque ». Un « manque d’interconnexion » qui « peut être observé dans les efforts visant à développer des remèdes et des vaccins ». « Le bien de la société et les exigences du bien commun dans le domaine des soins de santé passent avant tout souci de profit » estime-t-elle.

 

Pour le Vatican, « l’humanité doit appréhender une ″éthique du risque″ ». « Nous devons d’abord parvenir à une appréciation renouvelée de la réalité existentielle du risque : nous pouvons tous succomber aux blessures de la maladie, à la tuerie des guerres, aux menaces écrasantes des catastrophes. À la lumière de cela, des responsabilités éthiques et politiques très précises émergent à l’égard de la vulnérabilité des individus qui sont plus à risque pour leur santé, leur vie, leur dignité », affirme l’Académie. Mais chacun est mis face à ses responsabilités : « pour atténuer les conséquences de la crise, il faut renoncer à la notion selon laquelle “l’aide viendra du gouvernement”, comme si elle venait d’un “deus ex machina” qui laisse tous les citoyens responsables en dehors de l’équation, épargnés dans leur poursuite de leurs intérêts personnels. La transparence des règles et des stratégies politiques, ainsi que l’intégrité des processus démocratiques, exigent une approche différente ». Cependant, « le seuil de risque toléré et la solidarité dans le risque » restent « des questions à clarifier dans l’organisation de la société, tout en sachant que le risque zéro n’existe pas ».

 

Alors l’Académie Pontificale pour la Vie en appelle à « l’intelligence et à la responsabilité de chacun, contre le risque d’un autoritarisme qui infantilise les populations » : « les solutions juridiques aux conflits dans l’attribution de la culpabilité et du blâme pour faute intentionnelle ou négligence sont parfois nécessaires comme outil de justice. Cependant, ils ne peuvent pas remplacer la confiance en tant que substance de l’interaction humaine, affirme-t-elle. Seule cette dernière nous conduira à travers la crise, car ce n’est que sur la base de la confiance que la communauté humaine pourra enfin s’épanouir : » « nous sommes appelés à une attitude d’espérance. »

Vatican News, Cyprien Viet (22/07/2020)

 

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