Le 13 juin 2012, dans une tribune de La Libre Belgique, un collectif de professionnels, de croyants, de non croyants, "s’inquiète des dérives observées depuis dix ans" en matière d’euthanasie en Belgique. Parallèlement, en France, une proposition de loi relative à l’assistance médicale pour mourir et à l’accès aux soins palliatifs, a été déposée, le 8 juin 2012, par un sénateur socialiste.
Par ailleurs, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) va se prononcer sur deux affaires, l’une sur l’euthanasie, l’autre sur le suicide assisté. Grégor Puppinck, Directeur de l’ECLJ, donne un éclairage sur les enjeux de ces deux affaires dans Zenit.
La première affaire concerne une femme "atteinte de tétraplégie [qui] s’est vue refuser la délivrance d’une substance létale en Allemagne". Ayant formé un premier recours avec son mari et s’étant faits débouter, avant d’aller "en Suisse où elle a fait l’objet d’un suicide assisté", son mari a souhaité poursuivre "la procédure mais a été déclaré irrecevable par les juridictions". Il a alors "présenté une requête devant [la CEDH]" en invoquant que "le refus portait [entre autre] atteinte au droit à la vie privée de sa femme et au sien propre (article 8 [de la Convention européenne des droits de l’homme]). La Cour a "déclaré la requête recevable le 31 mai 2012".
La deuxième affaire, introduite devant la Cour le 10 novembre 2010, concerne une femme atteinte "d’aucune maladie particulière et qui ne veut pas vieillir, [se plaignant] de ce qu’elle ne peut pas se procurer de substance létale sans ordonnance, et de ce qu’aucun médecin n’a accepté de lui en délivrer une". Selon la requérante, "l’Etat aurait une obligation positive de lui fournir les moyens de se suicider de façon sûre et indolore". Ce refus constituerait donc, selon elle, "une atteinte à son droit à la vie (article 2) puisqu’elle a renoncé à vivre, et un mauvais traitement (article 3) car elle devra endurer la vieillesse".
Or, la "logique libérale" visant à "légaliser le suicide assisté et l’euthanasie" est "littéralement contraire à la Convention". Par conséquent, "l’affirmation d’un droit au suicide, puis au suicide assisté et à l’euthanasie, fondé sur la vie privée (article 8) viendra toujours se heurter à l’indiction stricte de tuer et à l’obligation de protéger la vie (article 2)".
"L’affirmation d’un droit à l’avortement au titre de la vie privé" n’ayant pas été reconnu par la Cour en 2010, ces deux arrêts seront ainsi l’occasion de savoir si la Cour se prononcera également "avec la même clarté contre un prétendu ‘droit à la mort’ au titre de la vie privée : il n’existe pas de ‘droit’ au suicide, le suicide est une faculté mais pas un droit exigible".
Lavie.fr (Joséphine Bataille) 12/06/12 – Lavie.fr (Natalia Trouiller) 13/06/12 – Zenit.org 13/06/12