Dans une tribune publiée dans Valeurs actuelles le 19 janvier, Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie, lance une alerte alors que la France débat actuellement sur une possible légalisation de l’euthanasie. Un thème qui mobilise la Marche pour la vie cette année. La manifestation aura lieu le 22 janvier.
Les partisans de l’euthanasie travestissent les mots pour tenter d’adoucir les actes. L’euthanasie et le suicide assisté permettraient ainsi, selon eux, une « mort dans la dignité ». Le glissement sémantique amène les militants de la mort sur commande à parler ensuite d’« aide médicale à mourir ». Ils réclament de légaliser l’aide active à mourir et demandent en même temps l’accès aux soins palliatifs partout et pour tous. Or les retours d’expérience des autres pays sont sans appel. L’euthanasie tue aussi les soins palliatifs.
Emmanuel Macron a déclaré qu’il n’aimait pas le mot euthanasie. Malgré la douceur de la petite musique de ses partisans, dont le combat a-t-il dit, « nous oblige » l’acte est brutal, il restera brutal, même si les exécuteurs sont en gants blancs. L’acte transgresse l’interdit fondamental de tuer. Ce travestissement des mots ne doit pas faire illusion.
Il faudrait ainsi abréger la vie pour éviter toute « déchéance », et proposer le suicide comme remède. Or un remède permet de sauver, pas de tuer. Les soignants exerçant dans ce domaine l’ont bien compris, puisqu’ils sont 85% à être opposés à l’euthanasie, et 94% refuseraient de faire l’injection létale (sondage SFAP-Opinion Way septembre 2022). L’ordre des médecins y est aussi opposé ainsi que l’association médicale internationale. Quand Hippocrate (460-377 av JC) assurait qu’il ne remettrait jamais du poison, si on lui en demandait, ni ne prendrait l’initiative d’une pareille suggestion, cela était de la simple humanité.
Peur de la mort ou de souffrir ?
L’Homme craint la souffrance et la dépendance. Cette question doit être convenablement traitée, et cela est techniquement possible. Mais comment ne pas être révolté quand on sait que seuls 30% des personnes éligibles aux soins palliatifs y ont accès, qu’il n’y a pas d’unité de soins palliatifs dans 26 de nos départements. Le scandale est là. Avec une prise en charge adaptée de la souffrance, il n’y a quasiment plus de demande d’euthanasie. Ce qui compte c’est de soulager et accompagner les personnes souffrantes mais sûrement pas de programmer leur mort. Ce qui manque est un accès facile aux soins palliatifs, et des budgets adaptés avec une vraie volonté politique. Il ne suffit pas de faire semblant.
« L’ultime liberté » comme la qualifient les militants de l’euthanasie deviendra vite sordide. Les objectifs de nature économique sont clairs. Il sera facile de ne pas trop prolonger la vieillesse pour économiser des retraites et libérer des lits de manière anticipée pour réduire les budgets de santé. Jacques Attali déclarait déjà en 1981 dans le livre de Michel Salomon, L’avenir de la vie : « L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures ».
La perversion serait de mettre la pression sur les personnes âgées, de leur signifier qu’il est temps qu’elles disparaissent, pour ne plus être une charge pour leurs proches. Fiction ou réalité ? Fiction dans le récent film japonais Plan 75, imaginant que le gouvernement a voté une loi autorisant l’élimination volontaire des seniors, jugés inutiles et considérés comme une charge par la société (cf. Plan 75, un film de science-fiction sur l’euthanasie ?). Réalité dans l’Oregon où une loi dépénalisant l’euthanasie depuis plus de 25 ans, fait qu’aujourd’hui 48% des euthanasies demandées le sont par les plus anciens qui se considèrent comme un fardeau pour la société (cf. Oregon : 25 ans de « mort dans la dignité »). La réalité dépasse là, la fiction.
De l'”encadrement strict” au droit ?
L’expérience belge fait, enfin, froid dans le dos. Depuis la dépénalisation de l’euthanasie en 2002, les mineurs dotés de leur capacité de discernement y ont accès depuis 2014. Les établissements de santé ont été contraints de devoir pratiquer cet acte en 2020. 26% des euthanasies n’étaient pas consenties en Flandre, et 35% ne sont probablement pas déclarées. La pratique extensive de l’euthanasie est clairement identifiée comme étant un élément de blocage pour la mise en œuvre des soins palliatifs.
Le combat, la logique des partisans de l’euthanasie sera similaire à ce qu’on a vu avec la loi Veil, où les restrictions initiales posées par le législateur sur l’avortement ont toutes été progressivement balayées, jusqu’à vouloir inscrire un « droit » à avorter dans la Constitution, projet évidemment inutile et dangereux, que nous dénonçons également.
Nous marcherons le 22 janvier 2023 pour continuer à alerter l’opinion publique et nous opposer à l’adoption d’une loi sur l’euthanasie et le suicide assisté. La corruption des mots précède la corruption des actes. Karol Wojtila, Saint Jean-Paul II, disait que « l’euthanasie est une fausse pitié, une inquiétante perversion de la pitié, car la vraie compassion rend solidaire de la souffrance d’autrui, mais elle ne supprime pas celui dont on ne peut supporter la souffrance ».
Pour être solidaire de ceux qui souffrent il faut une grande politique pour permettre à tous ceux qui ont besoin de soins palliatifs de pouvoir y avoir accès. Sans dépénalisation ou légalisation de l’euthanasie. Nous voulons que la protection de la vie humaine de la conception à la mort naturelle devienne une grande priorité nationale.
Vivre -bien soigné- dans la dignité, est préférable à « mourir -euthanasié- dans l’indignité ». Nous serons dans la rue pour le dire.
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