Euthanasie de la jeune néerlandaise : L’« extraordinaire » échec d’ « un message profondément négatif adressé aux survivants d’abus sexuels »

Publié le 18 Mai, 2016

Victime elle aussi de violences sexuelles, et souffrant du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), une femme dénonce la médiatisation de l’euthanasie d’une jeune néerlandaise ayant été violée durant son enfance (cf. Euthanasie des jeunes aux Pays-Bas : la mort comme thérapie ?, Euthanasie : le « tourisme de la mort » dénoncé par une fondation allemande »)

 

Alors que le Daily Mail affirme que, par la publication de cette information, le gouvernement néerlandais était « soucieux de justifier la loi sur l’euthanasie et de démontrer que le meurtre de compassion se pratique sous surveillance médicale complète et correcte », il a fait tout le contraire. Cette mort n’est « pas le bon message à adresser aux survivants d’abus sexuels ».  

 

Ayant aussi été violée, ayant sombré dans la dépression et souffrant du syndrome de stress post-traumatique, elle raconte combien elle avait l’impression qu’elle ne se sortirait jamais de ses idées suicidaires, et admet même que si un médecin lui avait proposé de l’aider à mettre fin à sa souffrance, elle aurait « accepté avec reconnaissance ». « Mais heureusement, dit-elle, aucun médecin ne me l’a proposé. Je suis en vie, et je peux imaginer, sentir, aimer, et faire toutes les choses que je pensais n’être jamais capable de faire ».

 

Elle reconnaît la violence et la détresse que causent une telle situation, mais elle soutient que « comme toutes les pensées et sentiments, les idées suicidaires ne sont pas permanentes, comme la marée, elles viennent et elles partent », et que c’est justement la thérapie qui l’a aidée à reconnaître ces flux, à comprendre qu’il s’agissait de défaillances momentanées de la raison.

 

Même si le SSPT n’est pas guérissable, admet-elle, il est cependant gérable. Il faut simplement de « l’aide, du soutien, des soins, pour traverser les moments difficiles », et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, elle est « encore en vie ».

Pour elle, « l’idée même que ‘sous surveillance médicale complète et correcte’ un médecin confonde la récurrence des idées suicidaires avec une requête d’euthanasie est ridicule ». « Un professeur de psychiatrie ne manquerait pas de noter que quelqu’un qui souhaite mettre un terme sa vie dans de telles conditions n’a pas tous ses esprits, et qu’il n’est pas pour l’instant mentalement apte à prendre une telle décision ».

 

Ainsi, ce rapport ne fait pas que souligner les « lacunes criantes de l’euthanasie aux Pays-Bas », il envoie aussi « un message profondément négatif aux survivants d’abus qui luttent déjà pour se battre dans une marrée de cicatrices mentales ». Il omet de leur dire qu’il y a de l’espoir, qu’ils ne seront pas éternellement dans cette situation.

« Cette jeune femme sans visage et sans nom a échoué de la manière la plus extraordinaire ». La seule chose qui ait été prouvée, c’est qu’ « une survivante, avec toute sa vie devant elle, a été tuée prématurément et par totale ignorance ».

The Independent, Jenn Selby (18/05/2016)

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