A l’occasion du 20ème anniversaire du CCNE, son président Didier Sicard, dans une interview au Figaro, estime que le progrès scientifique n’a de sens que s’il prend en compte la personne. Il rappelle qu’il faut s’interroger sur ce qu’on appelle les "progrès" de la science, même si la science, en position de force ne supporte pas que l’on pose des barrières à son hégémonie. Quant à la réflexion éthique, "elle est sans arrêt en train humblement d’essayer de comprendre ce qui se passe, et indéfiniment d’être une sorte de remise en humilité de l’homme".
Dans Libération, il dénonce l’emprise des technologies sur la pratique médicale et souligne que la médecine contemporaine confond l’homme biologique avec la personne. "Ce n’est pas la technique qui pose problème, mais son emploi totalitaire" estime t-il. La médecine aujourd’hui génère de l’angoisse, mais il pense que c’est cette angoisse qui est à l’origine du progrès technologique en médecine. Petit à petit, pour affiner les diagnostics, la médecine tente d’établir des critères toujours plus sophistiqués qui rassurent quand l’enfant est dans la norme mais qui génèrent beaucoup d’angoisse à la moindre anomalie. Or, la norme reste un concept dérisoire par rapport à l’hétérogénéité de chaque être humain et de l’espèce. Ainsi, explique Didier Sicard, Einstein qui avait une anomalie pariétale, s’il avait été conçu aujourd’hui aurait sans doute été l’objet d’un avortement. Pour Didier Sicard "l’éthique est une obligation de réflexion qui s’inscrit dans une pratique".
Le Figaro (Catherine Petitnicolas) 24/02/03 – Libération (Corinne Bensimon) 22/02/03