Aux Etats-Unis, malgré la décriminalisation de l’avortement depuis 1973 (arrêt Roe vs Wade), les opposants à l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) ne baissent pas les bras et parviennent à en limiter l’exercice en recourant au “lobbying politique pour obtenir des autorités locales des lois [l’]interdisant“.
Dans l’Etat du Mississipi, “le gouverneur républicain Phil Bryant a […] signé une loi […] obligeant les praticiens [effectuant des IVG] à être […] enregistrés dans les hôpitaux locaux“. Ainsi, à la “Jackson Health Women’s organisation […] dernière clinique de l’Etat à pratiquer encore l’IVG“, deux des trois médecins ne peuvent s’inscrire dans les hôpitaux locaux, ces derniers n’étant pas issus de l’Etat du Mississipi. Pour Phil Bryant, cette législation est “le premier pas d’une campagne pour mettre fin à l’avortement dans le Mississipi“.
Le dernier sondage national a révélé que 60% des Américains sont favorables à l’IVG: les électeurs du Mississipi ont par exemple voté “non à un référendum qui, en faisant du foetus ‘une personne à part entière’, aurait rendu l’IVG illégale même dans les cas de viol ou d’inceste“. Pourtant, les opposant à l’IVG restent mobilisés et “ont changé radicalement leur stratégie, choisissant d’emprunter la voie politique […] “. Au total, ils “ont fait voter près d’une centaine de lois destinées à limiter l’IVG dans 24 Etats américains“, entre 2011 et 2012. A titre d’exemple, Terri Herring, militante opposée à l’avortement, “est parvenue à faire passer une loi au Sénat du Mississipi visant à limiter l’usage de la pilule abortive, la RU 486“. Elle précise: “le débat public, c’est une chose, ce qui m’intéresse, c’est d’être pragmatique. […] Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est d’être efficace pour faire avancer notre cause. La meilleure voie pour cela, c’est de changer les textes de loi dans notre Etat.” La porte-parole de Prolife Mississipi, Tanya Britton explique: “ce que nous disons, c’est que l’avortement n’est pas un choix […]. Nous mettons en avant les autres solutions comme l’adoption“.
Libération (Fabrice Rousselot) 20/02/13