Dans une étude [1] publiée dans Developmental Medicine and Child Neurology, des chercheurs montréalais ont montré que les médecins avaient des points de vue différents sur les traitements à accorder à un enfant présentant un « syndrome d’éveil non répondant » (cf. Etats de conscience altérée : de nombreuses pistes de recherche). Pour cela, ils ont mené leur enquête auprès de 267 neurologues pédiatriques de 65 pays.
Parmi ceux-ci, « les attitudes varient » expliquent Eric Racine, un des auteurs de l’étude et membre de l’Institut de recherches cliniques de Montréal. Alors que « deux tiers [d’entre eux] sont à l’aise avec la cessation des traitements », « il y a une minorité (…) qui est d’avis qu’on devrait toujours retirer les traitements et une minorité qui nous dit qu’on ne devrait jamais les retirer » poursuit-il.
Les chercheurs ont constaté que dans les pays les plus développés, les neurologues étaient plus favorables à limiter les traitements permettant le maintien en vie d’un enfant dans un état dit « végétatif ». Ces limites peuvent concerner la réanimation cardiorespiratoire, à l’intubation ou la ventilation, à l’hémodialyse ou l’hémofiltration et à l’antibiothérapie. Pour l’auteur de l’étude, cette situation est « paradoxale ». Mais « les pays les plus développés sont aussi ceux où les droits individuels ont le plus préséance » ajoute-t-il.
En réalité, il y a « tout un contexte juridique et de valeurs sociétales dont on doit tenir compte » explique Eric Racine. Mais « dans le contexte d’un enfant, il y a une complexité éthique et relationnelle qui s’ajoute à la complexité clinique et médicale » conclut l’auteur de l’étude.
[1] Physicians’ attitudes towards ethical issues and end-of-life decision-making for pediatric patients with unresponsive wakefulness syndrome: An international survey, Leah Schembs, Eric Racine, Michael Shevell, Ralf J Jox, PMID: 36758014 DOI: 10.1111/dmcn.15540
Source : Noovo, Jean-Benoît Legault (08/11/2023)