Plus de 600 bus et des milliers de personnes sont attendus demain à Madrid pour manifester contre le projet de loi déposé au Parlement pour modifier la loi sur l’avortement (cf. Synthèse de presse du 28/09/09). Emmenés par le Forum de la famille, qui regroupe une quarantaine d’ONG contre l’IVG, ils défileront sous le slogan "Chaque vie compte". Toutes les sensibilités politiques devraient être représentées. Ainsi, pour Pedro José Gomez, professeur à l’université de la Complutense et sympathisant de gauche, il est choquant que le gouvernement présente le projet de loi comme une avancée pour la société et un droit pour la femme alors qu’il s’agit au mieux d’un moindre mal face à la détresse de celles qui ont recours à l’IVG.
Fernando de Pablo, 38 ans, volontaire depuis plusieurs années à Red Madres (Réseau mères), constate : "Nous nous rendons compte que de nombreuses femmes manquent d’aides, économiques, sociales. Finalement, ce ne sont pas tant les lois qui ont de l’importance, mais plutôt le fait que chaque femme puisse avoir son enfant si elle le désire. […] Dans notre Fondation, huit femmes sur dix décident de poursuivre leur maternité après nos conseils et aides".
L’Eglise catholique a critiqué de son côté la "prétention de qualifier l’avortement comme un droit. Avorter, ce n’est jamais soigner, mais toujours tuer. Aucun catholique cohérent ne peut l’approuver". Alors que la loi actuelle ne facilite pas d’emblée de jeu l’avortement – ce qui n’est pas le cas de la nouvelle loi – le nombre d’avortements n’a cessé d’augmenter depuis la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse en 1985. Plus de 90% des avortements sont aujourd’hui pratiqués sous prétexte de risque pour la santé physique ou psychique de la mère.
Le nouveau texte est actuellement examiné en commission aux Cortes (chambre des députés) et il pourrait être voté l’an prochain. Dans les dispositions mises en place, la possibilité pour les jeunes filles de 16 et 17 ans d’avorter librement sans la permission de leur parents est l’une des plus critiquées.
Pedro José Gomez reste convaincu qu’il " existe en Espagne une large culture de la vie. […] José Zapatero, qui dit vouloir avec ce projet, accorder la loi à l’évolution de la société, a été un peu vite".
La Croix (Valérie Demon) 16/10/09