En Suisse, des vidéos pour comprendre les enjeux du DPI

Publié le 8 Juin, 2015

En Suisse, le Conseil Fédéral a lancé une votation sur la modification de l’article constitutionnel relatif à la procréation médicalement assistée et au génie génétique dans le domaine humain (article 119). Cet article stipule pour le moment que « ne peuvent être développés hors du corps de la femme, jusqu’au stade d’embryon, que le nombre d’ovules humains pouvant être immédiatement implantés ». C’est-à-dire trois au maximum. L’objet de la votation est de modifier cette dernière phrase par : « Ne peuvent être développés hors du corps de la femme jusqu’au stade d’embryon que le nombre d’ovules humains nécessaire à la procréation médicalement assistée ».

 

Cette première modification est un pas décisif puisqu’elle ouvre la voie au DPI. Dans un deuxième temps seulement, et si le peuple vote oui à cette modification de la constitution, la question se posera d’autoriser le DPI au niveau de la loi. Une loi d’application a déjà été préparée par le Parlement. Elle autorise de fabriquer jusqu’à 12 embryons qui pourront être soumis au DPI afin de choisir ceux ou celui qui seront implantés. Les autres seront congelés « pour une utilisation ultérieure ». Cette loi, qui devrait aussi préciser quelles sont les maladies pouvant être dépistées (dites « maladies graves »), sera alors soumise à un référendum. La votation du 14 juin consiste donc à décider de se diriger, ou non, vers des changements qui vont immanquablement poser des questions éthiques cruciales, qui jusque-là avaient été évitées.

 

En attendant la votation qui doit avoir lieu le 14 juin prochain, un effort d’information est nécessaire pour dépasser des arguments souvent banalisés, simples, voire simplistes où la seule souffrance des parents qui attendent un enfant handicapé est prise en compte. Pour relever ce défi, Isolde Cambournac a réalisé une série de 9 vidéos très courtes, elles durent entre 45 secondes et 2 minutes, pour présenter de façon claire les enjeux de la votation : Le DPI diagnostiqué. Pour elle, « la vidéo était le moyen privilégié, facile à partager sur les réseaux, pour donner des arguments à retenir ». Un format accessible à tous pour diffuser les interventions éclairantes de Thierry Collaud, médecin, Professeur de théologie morale à l’Université de Fribourg, de François-Xavier Putallaz, Professeur de philosophie à l’Université de Fribourg et Membre de la Commission nationale d’éthique, et de Doris Rey-Meier, Secrétaire de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses.

 

Au cœur de ces « vidéos minutes » : la dignité de l’embryon, avec des thèmes qui soulignent que l’embryon n’est pas un simple amas de cellules, mais un être humain à part entière : « Nous voulions montrer que nous avions compris le problème de la souffrance d’avoir un enfant handicapé, mais que la solution proposée n’était pas la bonne ». Supprimer le malade pour éradiquer la maladie serait une démission  de la médecine, « il faut proposer d’autres moyens de répondre à ces questions », sans négliger la souffrance des parents.

 

Une des vidéos évoque l’après votation : « Voter pour le DPI ne garantit pas le respect des limites fixées ». Isolde Cambournac explique : « Il s’agit d’un premier pas, d’une porte qui s’entrouvre mais dont on sait qu’elle conduira inéluctablement plus loin ».  Une fois le cap franchi, il sera très difficile de réguler les pratiques ou de contrôler les extensions aux autorisations qui risquent de se multiplier, sans compter les questions auxquelles il faudra répondre : « Comment déterminer, par exemple, quels sont les critères de maladies graves ? » Pour Isolde Cambournac, ces vidéos veulent montrer que « les choses ne sont pas si simples », qu’elles engagent le pays sur une voie qui n’est pas d’emblée perceptible. Elle espère, avec ces vidéos, « introduire au moins un doute ».

 

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