Sur une population de 1,02 milliards d’individus, l’Inde compte 31 millions d’hommes de plus que de femmes. Dans certaines régions le ratio femmes-hommes est passé à 851 pour 1000. Pour les enfants de moins de 6 ans le chiffre a chuté à 754 pour 1000. Cet écart alarmant révèle une pratique courante bien qu’officiellement interdite en Inde : la sélection des enfants à naître selon leur sexe.
Les filles étant considérées comme un fardeau les parents optent le plus souvent pour l’avortement des fœtus féminins. « Il n’y a pas si longtemps des vans équipés d’un échographe portable faisaient carrément la tournée des villages. Les médecins faisaient le test et revenaient le lendemain pour procéder aux avortements » explique une gynécologue de Chandigarh. On estime entre 200 000 et 500 000 le nombre de filles avortées chaque année.
En 1999 le Conseil médical indien avait menacé de rayer de l’ordre des médecins ceux qui pratiquaient des avortements sélectifs.
Les cliniques démentent bien sûr pratiquer ces interventions. Celles qui refusent de le faire, avouent perdre beaucoup de patients. « Quand vous refusez de faire le test, vous êtes considérée comme anormal. » Le recours à la fécondation in vitro permet également de déterminer le sexe de l‘enfant avant l’insémination. Ce « service » légal ne coûte que 5000 roupies (130 euros). C’est toute la question de la condition de la femme qui est ici remise en cause. Aux yeux des experts la solution pourrait venir des instances religieuses qui condamneraient tout fidèle s’adonnant à ces pratiques.
Libération 31/05/01