Edition du génome : un biologiste russe veut permettre à des parents sourds de donner naissance à un enfant ayant une ouïe normale

Publié le 21 Oct, 2019

Le biologiste russe Denis Rebrikov a indiqué à la revue Nature qu’il travaillait à l’édition du gène GJB2 associé à la surdité. Son but ? « Editer les ovocytes de femmes sourdes, afin de permettre à des couples sourds présentant une mutation du gène GJB2 de donner naissance à des enfants ayant une ouïe normale ». Le chercheur dit avoir reçu « la permission d’un comité scientifique pour réaliser ses expériences », mais pas « le feu vert des autorités pour transférer les embryons génétiquement modifiés dans l’utérus de la mère », le ministère de la santé russe ayant déclaré dans un communiqué la semaine dernière « qu’il était encore trop tôt pour faire naître des bébés génétiquement modifiés ». Le chercheur a indiqué qu’il publierait prochainement les résultats issus de ces expériences sur les ovocytes, estimant qu’ils pourraient servir de base au travail clinique.

David Bikard, directeur du laboratoire de biologie de synthèse à l’Institut Pasteur, pointe plusieurs problèmes liés à la technologie utilisée, CRIPR/Cas9 : un manque de précision qui peut aboutir à « de gros réarrangements dans les chromosomes, sans que les conséquences ne soient connues », ou même « les risques d’aboutir à des chimères, c’est-à-dire à des organismes dont les cellules n’auraient pas toutes subi les modifications ». De son côté, Jennifer Doudna, codécouvreuse de la technique, a déclaré que : « Le projet est opportuniste, clairement contraire à l’éthique et il porte atteinte à la crédibilité d’une technologie destinée à aider et non à nuire ».

« L’an dernier, naissaient les deux premiers enfants génétiquement modifiés de l’histoire, les jumelles chinoises Lulu et Nana. L’annonce, faite par le chercheur He Jiankui, avait choqué la communauté internationale qui avait jugé ces modifications «irresponsables» ». « S’en étaient suivis plusieurs appels à interdire temporairement la modification génétique d’embryons destinés à être implantés, en raison des nombreuses incertitudes concernant la technique et ses conséquences. »

 

 

Sources : Le Figaro (18/10/2019) ; The Scientist (18/10/2019)

 

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