A l’initiative des Prs Frydman et Nisand une quinzaine de grands médecins spécialistes de la naissance viennent d’annoncer qu’ils cesseront “toute activité de dépistage des malformations au 1er janvier 2002, et ne participeront plus à l’activité des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal dont le rôle apparaît désormais superflu“. Ce cri d’alarme fait suite aux différents arrêts rendus la semaine dernière par la Cour de Cassation que les professionnels interprètent “comme une impasse éthique qui les empêche désormais de remplir sereinement leur mission d’accompagnement des couples en respectant leur choix”. Dans leur communiqué, les spécialistes soulignent que la seule faute des médecins est de n’avoir pas vu que ces maladies existaient. Ces arrêts imposent donc aux médecins une obligation non plus seulement de moyens mais de résultats. Or, il paraît impossible en médecine de garantir un résultat. Cette décision risque donc selon eux “d’amener les médecins à se préoccuper de plus en plus de leur propre protection, plutôt que de celle de leur patient“. René Frydmann s’indigne en affirmant “cela fait vingt ans qu’on nous parle d’éthique et qu’insidieusement s’installe un choix de l’enfant à naître…” “Jamais l’émotion et le désarroi n’ont été aussi grands dans notre profession. C’est aussi le cas dans tous les milieux prenant en charge les handicapés” ajoute t-il. Notons d’ailleurs, la réaction d’Handicap International qui craint une grave dérive eugéniste dans les pratiques des équipes de diagnostic anténatal.
Quant au professeur Dumez, chef du service d’obstétrique de l’hôpital Necker, il souligne que ces arrêts ouvrent désormais la possibilité aux handicapés de porter plainte contre leurs propres parents qui les ont fait naître en connaissance de cause.
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