Le Dr Laurence Tramois, renvoyée en Cour d’Assise pour l’euthanasie d’une de ses patientes en fin de vie, s’exprime dans les colonnes du Monde.
Elle explique qu’aux premières suppliques de sa patiente demandant la mort, elle n’a pas répondu, les considérant comme un moment d’angoisse, de crainte. "Comment souhaiter la mort, une mort dont on ne connaît rien !". Malgré l’entourage familial, les soins palliatifs, la patiente a réitéré sa demande d’une "piqûre pour s’en aller". En médecin, elle se disait encore "je ne suis pas là pour faire une piqûre, celle qui ôte la vie". Quand la patiente est entrée en phase terminale agonique, la médecin n’a "pas pu ni voulu fermer les yeux, confortée par les suppliques préalables de ma patiente" et s’est sentie contrainte de donner la mort. Elle a prescrit la piqûre au nom de la promesse faite à sa patiente de respecter son intégrité physique.
Il ne s’agit pas de courage car "j’ai agi au pire des moments, celui que je ne souhaite à personne". Pour elle, son acte ne relève pas du "bien ou du mal" mais du "bon sens". Pour elle, le corps médical, se retranchant derrière la "toute puissance médicale" et le "tu ne dois pas tuer ton patient", nie certains états de fin de vie, nie l’impuissance ou la limite d’une médecine palliative.
Le Monde (Dr Laurence Tramois) 04/07/06