Gilles Grangé, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Saint-Vincent- de-Paul, confie à La Vie son désarroi face à un dépistage de la trisomie 21 toujours plus systématique, et ce au mépris de l’avis du Comité Consultatif National d’Ethique et de la loi qui punit toute tendance à la sélection des personnes.
Il regrette notamment que les femmes n’aient pas plus l’occasion de réfléchir à la question de l’accueil de l’enfant handicapé avant de se trouver dans cette situation. La prise de décision s’avère alors difficile, et relève peu d’un véritable consentement : la femme se trouve prise entre les pressions de médecins eux-mêmes sous contraintes médico-légales qui poussent au dépistage et l’angoisse et l’émotion de l’annonce du risque de handicap : " certaines auraient posé le problème différemment si elles avaient eu le temps de réfléchir à ces questions avant", estime-t-il.
Le docteur Grangé s’avoue enfin très inquiet de la parution prochaine d’un arrêté prévoyant un dépistage encore plus précoce (entre 12 et 14 semaines) : "Si la ministre de la Santé, au nom du gouvernement, donc de la société tout entière, signe l’arrêté organisant le dépistage de masse de la trisomie 21, on franchira une nouvelle étape. Qui nous engagera dans un projet de société dans lequel je ne me reconnaîtrai plus."
La Vie (Claire Legros) 11/06/09