Don de gamètes : connaître la vérité sur ses origines ?

Publié le 25 Juin, 2010

La psychanalyste Muriel Flis-Trèves qui travaille à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart, dans le service du Pr René Frydman, revient sur les revendications des jeunes adultes nés d’un don de gamètes et qui veulent connaître leurs origines. Selon elle, chaque personne devrait pouvoir répondre à ces questions fondamentales : "de qui je viens ? A qui dois-je d’être né ?"

Actuellement la loi française stipule une obligation d’anonymat générale : "le donneur doit demeurer dans l’ignorance de l’identité du receveur, et le receveur de celle du donneur". Ce régime d’anonymat prive les personnes nées après un don de gamètes "du droit à la connaissance de leur préhistoire". Muriel Flis-Trèves estime qu’avec la révision des lois de bioéthique en cours, la France va devoir prendre position à ce sujet.

Selon elle, alors que certains pays comme le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède, le Canada ou les Etats-Unis, ont fait le choix de permettre aux couples demandeurs de connaître l’identité du donneur, la "contrainte française de l’anonymat interdit toute recherche sur ses origines". Cela efface pour ces enfants "tout un espace psychique de liberté, où sont enfouis nos questionnements sur le mystère de notre naissance, la filiation, la sexualité, l’identité", savoir pourtant "indispensable à la réalisation de tout être humain".

Muriel Flis-Trèves affirme que c’est une histoire que recherchent ces jeunes adultes et non pas un "père" ou une "mère" de plus : "Ils ont leurs parents et n’en veulent pas d’autres. Ils veulent juste savoir. Ce qu’ils souhaitent, c’est mettre un visage, un nom, une photo, une histoire sur un ‘vide’ de leur passé". Il conviendrait donc d’écouter "la plainte de ces jeunes adultes" et de cesser "d’être des fabricants de trous de mémoire".

Le Conseil d’Etat a émis un avis dans ce sens reconnaissant que "l’anonymat comporte à long terme des effets préjudiciables à l’enfant, essentiellement parce que ce dernier est privé d’une dimension de son histoire". Il propose la possibilité, pour les enfants nés d’un don de gamètes, d’accéder, à leur majorité, à des informations non identifiantes sur le donneur (profession, couleur des cheveux, des yeux…), et si le donneur l’accepte, de connaître son identité.

Le Monde.fr (Muriel Flis-Trèves) 23/06/10

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Pays-Bas : 14 psychiatres demandent l’ouverture d’une « enquête criminelle » après l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans
/ Fin de vie

Pays-Bas : 14 psychiatres demandent l’ouverture d’une « enquête criminelle » après l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans

Les médecins demandent d'examiner « dans quelle mesure les proches de cette patiente vulnérable ont influencé la décision de cette jeune ...
Son exosquelette tombe en panne, le fabricant refuse de le réparer
/ Transhumanisme

Son exosquelette tombe en panne, le fabricant refuse de le réparer

Une société de fabrication de dispositifs médicaux a refusé de réparer l’exosquelette d’un ancien jockey paralysé, le considérant comme « obsolète » ...
Cellules iPS : une « première bioproduction réussie d'une thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson »

Cellules iPS : une « première bioproduction réussie d’une thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson »

TreeFrog Therapeutics indique avoir démontré "la première bioproduction réussie d'une thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson dans un bioréacteur ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres