Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique, est interrogé dans La Croix sur la pratique du dépistage prénatal en France.
"Nous sommes devenus des obsessionnels du dépistage" déplore-t-il. Il dénonce la traque au dépistage de l’enfant trisomique. "C’est terrifiant. Aucun pays n’a décrété l’exclusion totale d’une maladie chromosomique, aucun ne s’est livré à un tel acharnement dans le dépistage". Il l’explique par le fait que "la société française est particulièrement intolérante au handicap, à la différence". Nous traitons le handicap "de façon compassionnelle, sans rien proposer de concret".
Il constate que "l’esprit ambiant est qu’un enfant doit être normal. On est passé de l’espérance à l’exigence". Il montre le décalage entre le médecin, dont l’information issue d’examens prénataux repose sur "l’incertitude" alors que les parents sont en quête de "certitudes". C’est ainsi que s’inverse le principe de précaution : "si l’on est pas sûr que l’enfant est sain, il vaut mieux qu’il ne naisse pas".
La Croix (Marianne Gomez) 03/03/06