L‘ABC de la bioéthique du journal La Croix s’intéresse aujourd’hui au diagnostic préimplantatoire (DPI) et au "bébé médicament". Rappelons que le DPI concerne aujourd’hui les couples qui ont "une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic". Le DPI vise à permettre, après un tri embryonnaire, la naissance d’un enfant indemne de la maladie recherchée. Avec le "bébé médicament" ou "bébé du double espoir", l’objectif est de faire naître un enfant "compatible" c’est à dire doté de caractéristiques permettant de soigner son frère ou sa sœur atteint d’une maladie grave.
Le DPI commence par une fécondation in vitro (FIV) pour obtenir des embryons. Un diagnostic biologique est ensuite pratiqué sur des cellules prélevées sur ces embryons. Seuls les embryons dépourvus de l’anomalie recherchée sont transférés dans l’utérus de la mère, les autres sont détruits. Pour les "bébés médicaments", la méthode est la même sauf que les embryons à réimplanter doivent aussi être "immunologiquement compatibles" avec le frère ou la sœur malade.
En France, la loi de bioéthique de 1994 puis de 2004 encadre cette pratique. Il ne peut être pratiqué que dans trois centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDPN) spécifiquement agréés par l’Agence de la biomédecine. Le "bébé médicament" est accessible aux couples ayant un enfant atteint d’une maladie entraînant la mort. Par ailleurs, le pronostic vital de l’enfant doit pouvoir être amélioré de façon décisive par un traitement ne portant pas atteinte à l’intégrité de son frère ou de sa sœur né après DPI.
Au cours de la révision des lois de bioéthique, le débat portera sur l’élargissement éventuel du DPI à la recherche de certaines prédispositions à des formes de cancer. Récemment, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) s’inquiétait "que cette technique ne soit étendue à des indications de plus en plus larges, favorisant l’eugénisme". Quant au "bébé médicament", certains s’interrogent sur l’opportunité de continuer à proposer cette technique dont les chances de réussite sont très faibles. En effet, entre juillet 2007 et juin 2008, sept demandes ont été adressées à l’Agence de la biomédecine qui a répondu favorablement à cinq d’entre elles. Deux tentatives de FIV ont été menées chez l’un des cinq couples mais qui n’ont pas permis de grossesse.
Les juifs, musulmans et protestants ne sont pas opposés au DPI. En revanche, l’Eglise catholique le refuse : "il s’agit d’un tri injustifiable, certains embryons étant destinés à se développer jusqu’à la naissance selon un plan prédéfini, tandis que d’autres sont réduits à l’état de matériau de recherche", explique Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail sur la bioéthique de la Conférence des évêques de France.
Les équipes agréées pour le DPI confirment que la recherche de prédisposition est déjà utilisé en France dans certaines formes héréditaires de cancers ou maladie associée et qu’il a déjà conduit à la naissance de six enfants. Rappelons qu’en janvier dernier, au Royaume-Uni, une petite fille est née après DPI sur une prédisposition au cancer du sein (cf. Synthèse de presse du 12/01/09)
La Croix (Pierre Bienvault, Anne-Bénédicte Hoffner, Martine de Sauto, Sébastien Martin) 19/03/09