Des vérités devenues folles

Publié le 10 Fév, 2020

A une époque où règne le psittacisme du progrès et du prétendu sens de l’histoire, Rémy Brague propose une pensée résolument à contre-courant de ce conformisme intellectuel.

 

Sous un titre paraphrasant judicieusement la formule bien connue de Chesterton, c’est à une entreprise de reconstruction intellectuelle, morale et spirituelle que cet ouvrage nous convie.

 

En effet, il nous rappelle que le « projet » moderne est fondé sur trois vérités devenues folles, au sens de dénaturées : la Création sans Dieu, considérée comme une entité mathématique sans âme, et un magasin de richesses bon à piller ; la Providence sécularisée, qui régresse en un mythique Progrès, monstre de la pensée, déresponsabilisant et sans réelle consistance ; le pardon sans puissance d’absolution, qui dégénère en repentance pathologique et prétendument historique. Cette triple folie consomme l’échec de ce projet, qui rend l’homme à sa solitude, dans un monde sans âme et sans parole, que l’on décrit, certes brillamment, mais sans parvenir à le comprendre réellement.

 

En réponse à ce constat inquiétant, Rémy Brague propose de revenir à un mode de pensée « médiéval », également appelé « pré-moderne », en ce sens qu’il n’abandonne pas l’idée de Création, dans laquelle la Parole créatrice, le « Logos » est à l’œuvre, et avec laquelle nous sommes appelés à converser.

Pour notre auteur, c’est à ce prix que l’homme peut de nouveau « habiter » le monde reconnu comme créé ; c’est à ce prix qu’il renouera avec Dieu et ses semblables, et qu’il s’engagera dans une voie de « conservation-conversation-continuation », dans laquelle la science redeviendra un instrument au service de l’esprit et non plus une source d’illusions prométhéennes.

 

Cette vision dynamique inclut le respect de la Nature en tant que bien commun à préserver, la connaissance éclairée de l’histoire réelle et non fabriquée selon des dérives totalitaires type 1984 ; elle s’oppose à la barbarie moderne, liée à la dégradation du langage, donc à la violence, comme au déclin des libertés.

Rémy Brague propose un chemin de retour à « Athènes et Jérusalem », considérées comme les deux matrices de notre pensée occidentale, avec le souverain Bien de Platon et d’Aristote, et l’enseignement primordial de la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon ». Ce chemin est également un retour à la vraie civilisation qui promeut les vertus cardinales plutôt que les « valeurs » démonétisées des sociétés modernes, la famille plutôt que l’individu roi et objet de marché, et par-dessus tout l’observation du « commandement divin fondamental : ‘ Sois’ ! ».

 

C’est véritablement une révolution au sens de retournement, qui nous est proposée ici, avec des arguments forts, propices à la méditation, et, pourquoi pas, au mûrissement de projets de renouveau politique.

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