Des suicides assistés pas si simples

Publié le 22 Oct, 2021

Une « mort assistée » n’est certainement pas ce que vous imaginez. Il ne s’agit pas d’une injection létale à effet immédiat. En réalité, c’est « une surdose de médicaments courants, qui peuvent mettre des heures ou des jours à tuer ».

20 heures pour mourir

Kurt Huschle était certain de vouloir mourir. Cet américain est âgé de 58 ans quand « un cancer incurable des canaux biliaires » lui a été diagnostiqué. Conformément à la loi du Colorado, le couple avait demandé à deux médecins de certifier « qu’il lui restait moins de six mois à vivre ». Kurt souhaitait mourir quand il l’aurait décidé. Un cocktail de médicaments lui a été prescrit. Une pharmacie a accepté de les lui fournir sous forme liquide. Le processus devait probablement prendre deux à quatre heures.

Un matin, une infirmière est venue, à son domicile, vérifier que Kurt n’avait pas changé d’avis. A midi, « il était prêt à partir ». Son épouse, Susan, a suivi « le mode d’emploi ». Elle a mélangé le contenu de deux petites bouteilles dans une plus grande. Puis, elle le donne à Kurt. Elle s’attendait alors « à ce qu’il boive le cocktail de drogue, partage un dernier câlin, puis décède paisiblement ». Mais, « à chaque gorgée, il s’étouffe et tousse, s’étouffe et tousse ». Au bout de vingt minutes, « il a commencé à haleter de manière inégale ». Quatre heures plus tard, il était toujours vivant. « Effrayée et bouleversée, Susan a appelé un médecin et a demandé de l’aide ». Kurt est finalement décédé à 20 heures 15, plus de 8 heures après avoir pris le médicament. Susan estimait qu’il était « juste de l’aider à mourir ». Finalement, « un adieu paisible » n’a pas pu avoir lieu et Kurt et son épouse n’ont pas pu « se dire au revoir comme elle l’aurait voulu ».

Pas de mort douce

L’histoire de Kurt et Susan intervient alors que la chambre des Lords, en Grande Bretagne, étudie un projet de loi sur « l’aide à mourir ». Comme ce couple, beaucoup de personnes imaginent que « l’aide à mourir » signifie qu’un médecin va vous injecter une dose létale d’un médicament, comme de la morphine et qu’il partira « doucement dans cette bonne nuit ». Mais, comme l’explique la baronne Grey-Thompson qui a remporté 16 médailles paralympiques en tant qu’athlète en fauteuil roulant : « L’aide à mourir est dépeinte comme cette mort hollywoodienne où vous vous échappez… la réalité n’est pas comme ça et les gens doivent en être conscients ».

De même, les responsables religieux anglican, catholique et juifs ont publié mercredi 20 octobre, une déclaration commune sans précédent. Ils affirment que, bien qu’ils acceptent que les partisans du projet de loi veuillent « alléger les souffrances, cela mettrait en danger les personnes vulnérables ». Selon eux, « l’objectif d’une société compatissante devrait être l’aide à la vie autonome plutôt que l’acceptation du suicide assisté ». Ils rappellent que la douleur doit être soulagée par le développement des soins palliatifs.

L’histoire de Kurt n’est pas du tout un cas isolé. David Prueitt, habitant de l’Oregon, « a ingéré des dizaines de capsules d’un puissant barbiturique, pour finalement se réveiller 65 heures plus tard ». A son réveil, il a demandé à sa femme : « Que s’est-il passé ? Pourquoi ne suis-je pas mort ?». Il est finalement décédé de causes naturelles, deux semaines plus tard.

Les données publiées les plus détaillées proviennent de l’Etat de l’Oregon. L’aide à mourir y est légale depuis 1997. De début 1998 jusqu’en décembre 2020, 1 905 personnes ont tenté de mourir avec l’aide d’un médecin. Le rapport annuel de l’État mentionne des complications dans 775 cas. Il souligne que huit personnes se sont réveillées, après avoir pris leur cocktail de médicaments. Mais, trente-trois d’entre elles ont connu des difficultés « à ingérer » ou à « régurgiter » les médicaments. Trois personnes ont eu des convulsions. Seize autres patients ont présenté d’« autres complications ». Ce rapport montre que dans un nombre non négligeable de cas, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Soit parce que le patient n’est pas mort, soit parce qu’il a souffert de complications.

Source : Daily Mail, David Rose (21/10/2021)

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