Le magazine La Vie revient sur les débats citoyens organisés dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique. Il s’arrête ainsi sur le cas de Poitiers qui a organisé du 9 au 13 mars, une semaine de débat. Plusieurs centaines de personnes ont participé aux cinq soirées consacrées à des sujets tels que "jusqu’où peut-on choisir son enfant ?" ou "anonymat et gratuité du don d’organes". Le but de ces journées était d’associer le plus large public à la réflexion sur les progrès de la génétique et de la procréation.
En février dernier, Jean Leonetti, président du comité de pilotage des Etats généraux expliquait : "nous voulons, dans un premier temps, que des rencontres soient organisées partout en France, à l’initiative des Espaces éthiques des hôpitaux, des universités, des lycées".
Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique des hôpitaux de Paris estime que "ces états généraux représentent une chance pour sortir la bioéthique des cercles de spécialistes". "En 2004, lors des premières révisions, tout s’était passé entre experts. Cette fois, chacun peut intervenir."
La grande nouveauté de ces Etats généraux, c’est le rôle d’Internet. 12 000 personnes se sont déjà connectées au site mis en place par l’Agence de la Biomédecine, www.etatsgenerauxdelabioethique.fr, depuis son lancement le 16 février. [NDLR : vous pouvez vous aussi apporter votre contribution directement sur le site.]
Le comité de pilotage prépare maintenant la deuxième phase des Etats généraux avec trois jurys de citoyens qui débattront et donneront un avis lors de forums régionaux à Marseille, Rennes et Strasbourg. Là aussi les jurés seront représentatifs de la population française.
Certains, comme l’ancien sénateur Claude Huriet, président de l’Institut Curie, sont réservés sur la démarche : "parler d’Etats généraux quand un si petit nombre de personnes reste impliqué me semble être un abus de langage".
Dans Libération, Jean Leonetti rappelle, lui, que ces Etats généraux "doivent être l’occasion d’un grand débat permettant à chacun de s’informer et de participer à une réflexion commune qui engage (…) l’avenir de notre société". Quant à Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), il rappelle que le débat sur la bioéthique dépasse le clivage gauche/droite et "qu’il est en recherche permanente de valeurs universelles permettant un partage et un vivre ensemble, le plus harmonieux".
La Vie (Claire Legros) 19/03/09 – Libération 19/03/09