Débat autour du prélèvement d’organes

Publié le 19 Mai, 2003

Le scandale, provoqué la semaine dernière par la découverte en Grande Bretagne (cf revue de presse du 12/05/03) de milliers de cerveaux de personnes décédées prélevés sans le consentement de leurs familles, relance le débat autour du prélèvement d’organes. Cette affaire rappelle notamment les difficultés auxquelles sont confrontés les médecins spécialisés dans le prélèvement d’organes mais elle témoigne aussi d’une évolution quant à la confiance accordée par la société au corps médical.

Ce scandale montre combien il est urgent d’établir (en Angleterre comme en France) un cadre législatif qui concilie le respect du corps humain après la mort, l’expression de la volonté individuelle et les progrès de la médecine.

Rappelons que la loi anglaise de 1961 sur les prélèvements d’organes interdit toute ablation sans le consentement explicite des proches mais ne prévoit aucune sanction pour les médecins qui ne respecteraient pas ce principe. Ce qui pouvait être toléré il y a 40 ans est devenu aujourd’hui intolérable comme le démontre le scandale qui vient d’éclater.

Les greffes d’organes sont généralisées depuis quelques années et on enregistre une demande toujours plus importante d’organes. La demande d’organes, elle, n’a cessé d’augmenter. Les différentes affaires qui ont éclaté dans les années 90 ont eu des répercussions négatives sur la pratique des prélèvements d’organes d’autant qu’aucune pédagogie n’a été entreprise pour expliquer les différents usages des organes.

En France la loi Caillavet de 1976 repose sur le principe du consentement présumé : ne pas s’opposer explicitement, de son vivant, au prélèvement post mortem autorise de facto ce prélèvement. Les lois de bioéthique de 1994 ont prévu la création d’un registre national automatisé pour faciliter l’expression du refus. Pour autant, les médecins demandent toujours, en l’absence d’un refus clairement exprimé, l’accord de la famille. Le projet de révision des lois de bioéthique ne comporte aucun changement sauf celui de passer outre la volonté de la famille dès lors que des impératifs de santé publique imposeraient la pratique de l’autopsie.

Le Professeur Claude Got, spécialiste d’anatomo-pathologie et de santé publique, plaide de son côté pour un dispositif qui permettrait à chacun d’indiquer de son vivant une acceptation ou un refus. Ce type d’initiative permettrait de concilier le respect des choix individuels sans pour autant s’opposer au développement de la médecine.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 17/05/03

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