Pour le sociologue Mathieu Bock-Côté, « c’est peu dire que la crise du coronavirus fragilise nos sociétés ». Dans une tribune pour le journal Valeurs actuelles, il affirme « l’imprévisible et l’immaîtrisable peuvent surgir à toutes les époques ». Mais pour lui, « la bêtise des modernes était de croire que le tragique appartenait à la préhistoire de l’humanité, comme si la puissance de la science leur donnait une emprise totale sur l’existence. Ils se sont rêvés dans le rôle du démiurge ». « L’homme qui avait cru prendre la première place dans la création et confessait même un fantasme d’immortalité alimenté par la technoscience se découvre désarmé devant la figure de l’épidémie qui ranime les peurs archaïques de l’humanité », constate Mathieu Bock-Côté.
Le « jour d’après », « lorsque nous sortirons de cette crise », l’essayiste prévient « nous devrons repenser les bases d’une civilisation devenue inhospitalière à l’être humain et à ses aspirations élémentaires ». « L’homme a besoin d’une demeure, on ne saurait le traiter comme un cobaye non plus qu’on ne saurait transformer une société en laboratoire à ciel ouvert pour des expérimentations hasardeuses ». « Ces vérités oubliées retrouveront leur place dans la cité », prophétise-t-il.
Valeurs actuelles, Mathieu Bock-Côté (28/03/2020)