« Trente-cinq membres du Congrès américain ont écrit aux autorités sanitaires de l’administration Trump pour leur demander d’autoriser des essais accélérés afin de trouver un vaccin contre le coronavirus. » Comment accélérer le processus ? En infectant délibérément des volontaires, afin de voir si le vaccin fonctionne, alors que dans un essai clinique « traditionnel », les participants mènent leur vie quotidienne jusqu’à ce que certains d’entre eux soient infectés. Une approche qui « pourrait réduire de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le temps nécessaire pour le rendre disponible ». Un site web créé pour recruter des volontaires recense l’inscription de « plus de 9 000 personnes (…) en provenance de 52 pays ».
Ce type d’essai n’est pas nouveau. « Ils ont été utilisés dans le passé pour tester des médicaments, mais pour des maladies bien connues, comme la grippe ou le choléra. » Mais ils « posent de nombreux problèmes ». Leur risque tout d’abord. « Les personnes d’une vingtaine d’années – dont les participants seraient probablement issus – sont rarement très malades avec le Covid-19. Mais il y a eu quelques décès. Les participants doivent être conscients des risques. » D’autant plus, qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de « moyen de guérir les volontaires qui pourraient développer une forme grave lors d’un essai ».
La Food and Drug Administration américaine reste prudente, déclarant explorer « toutes les options possibles ». Les problèmes éthiques peuvent être évités « grâce à l’utilisation de modèles animaux », selon Michael Felberbaum, porte-parole de la FDA. De son côté, Myron Levine, expert en essais cliniques à la Maryland School of Medicine, pense que « les méthodes conventionnelles donneront des résultats très rapidement en raison du niveau d’infection dans certains endroits ». Par ailleurs, il estime que ce type d’essai « accéléré » ne pourrait conclure que pour un groupe particulier d’individus. « Et cela peut ou non être une information extrapolable à la population » d’après lui.
Pour aller plus loin :
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BioEdge, Michael Cook (03/05/2020) – Stat News, Helen Branswell (01/05/2020)