Convention citoyenne : déjà la fin de la “phase d’appropriation”

19 Déc, 2022

La deuxième session de la Convention citoyenne sur la fin de vie a eu lieu le week-end dernier. Avec elle, s’achève la première “phase d’appropriation” et de rencontres.

La vie est un “cadeau” dont il faut prendre soin

Lors de cette session, les participants ont commencé par écouter le message des représentants des six « grandes » religions présentes en France :  catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, sur la fin de vie. L’occasion pour eux de rappeler, chacun avec ses mots, les grands « principes », partagés par tous ou presque, au cours d’une heure d’exposé.

Répondant à la question posée, ils ont  souligné le caractère sacré de la vie qui est un don, la nécessité de prendre soin de la vie et de la protéger, mais aussi la dignité intrinsèque de tout homme et la finitude de la condition humaine. « La mort est un évènement de la vie, pas un point final » précisa Mgr Ulrich. La compassion fraternelle due aux plus vulnérables, le devoir de fraternité, et l’interdit de tuer furent également rappelés.

S’en est suivi un temps d’échanges avec les participants. Les avis sont partagés, mais certains se disent « positivement étonnés » par l’insistance mise sur le respect de la personne et l’absence de dogmatisme. « J’ai trouvé le message très beau, très touchant, très positif » reconnaît Mathieu.

Ecouter les « acteurs de terrains »

Le samedi après-midi fut, lui, consacré à des temps d’échanges, par petits groupes, avec 22 soignants et accompagnants de patients en fin de vie : médecins et infirmiers de différentes spécialités, psychologues, aidants ou bénévoles. L’occasion pour les citoyens de partager leur « expérience du terrain » (cf. Fin de vie : connaître la réalité avant de se prononcer).

Questions et réponses s’enchainent . A la sortie de l’une des tables rondes, Chantal, l’animatrice désignée par le CESE observe qu’ « il y a une quasi-unanimité du panel de soignants pour dire que le cadre législatif permet de faire face à la très grande majorité des situations de fin de vie. Mais ils soulignent aussi que la loi n’est pas suffisamment mise en œuvre par manque d’informations, de moyens, humains et financiers, et de formation ». De son coté, le Dr Clément Gabkuba, du CHU de Caen souligne « le décalage entre la manière dont le public envisage la fin de vie, les représentations qu’il en a, et la réalité ».

Les priorités pour 2023

Le lendemain, la session s’est achevée par le premier vote des participants, en plénière et de façon quasi-unanime, afin de déterminer les 10 “thèmes prioritaires” qui seront débattus par la suite.

La question des « moyens humains et financiers à mobiliser pour une pleine mise en œuvre » de l’accompagnement prévu par la loi Claeys-Léonetti vient en premier lieu. Le thème suivant insiste, lui, sur « l’obligation légale de mettre à disposition des moyens financiers et humains adaptés et suffisants » pour disposer de personnels et d’établissements sur l’ensemble du territoire. Répondant aux préoccupations des soignants, vient ensuite « la formation initiale et continue des personnels médicaux, paramédicaux et accompagnants »

Les questions de l’information du grand public (cf.  Fin de vie : que pensent les Français ? ) et de l’inégalité d’accès aux soins palliatifs seront aussi abordées, sans oublier « les intérêts en jeu » dans “l’économie de la fin de vie /la mort ». Enfin, les “épineuses” questions de « l’aide active à mourir », des « exceptions acceptables/ nécessaires à la loi Claeys-Léonetti », de la « limite des soins palliatifs », ou même du « traitement de l’aide active à mourir pour les formes extrêmes de souffrance psychique (psychiatrique) » figurent, elles, en sixième, septième, neuvième  et dernière place parmi les enjeux prioritaires.

Place à la décision des citoyens

A l’issue de cette phase, celle des “délibérations” va commencer début janvier. « La phase de controverse peut commencer » annonce Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance. « Le vote d’aujourd’hui ne fige pas les choses. Si des thèmes nouveaux surgissent, on pourra les intégrer » précise-t-elle en outre.

De son coté, Thierry Beaudet, président du CESE, déclare qu’il « mettra toute son énergie à s’assurer que les recommandations de la Convention [soient] prises en compte ». Si « le dernier mot appartient bien à l’exécutif ou au parlement, conformément à la Constitution », il rappelle que « la construction de la décision appartient à la société tout entière ». « Je n’imagine pas que l’on puisse demander leurs avis aux citoyens et y rester sourd » conclut-il.

Source : la Croix, Antoine d’Abbundo (17/12/2022 et 18/12/2022)

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