Dans la Revue médicale suisse, Jean-Yves Nau a consacré un article aux effets de l’âge des pères sur la santé des enfants, à partir d’un article du Dr. Joëlle Belaish-Allart, spécialiste de l’assistance médicale à la procréation, publié dans un récent numéro de la Revue du Praticien Médecine Générale*. Là où de nombreux articles expliquent les conséquences délétères du désir d’enfant tardif chez la femme – fécondité diminuée, dangers pour sa santé et celle de l’enfant – les travaux consacrés aux conséquences des paternités tardives sont bien plus rares, celles-ci étant souvent considérées comme normales. Des publications commencent toutefois à paraître sur ce sujet.
Plusieurs études ont déjà étudié "l’effet délétère de l’âge paternel" entraînant "chute de la fécondité spontanée, déclin de la production spermatique, altération des qualités biologiques du sperme". En 1997 en France, un travail a été mené sur plus de 20 000 grossesses, avec le concours des centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos) : les résultats montraient un taux plus élevé de certaines malformations lorsque le donneur de sperme avait un âge supérieur à 45 ans. Une étude effectuée sur plus de 17 000 inséminations intra-utérines révèle aussi que l’âge de l’homme a "un effet néfaste sur les taux de succès et de fausses couches", ainsi que pour la réussite des fécondations in vitro. Une récente analyse de la littérature médicale sur le sujet fait conclure "à une légère majoration du risque malformatif dans la descendance des hommes entre 40 et 45 ans et à une réelle majoration dès 45 ans ainsi qu’à une majoration du risque reproductif dès 40 ans si la conjointe est âgée".
Les risques sociaux liés aux paternités tardives sont aussi observés. Les psychiatres sont parfois très "incisifs" au sujet de l’âge paternel avancé : si l’enfance se passe bien, "tout se gâte à l’adolescence" : le Dr. Belaish-Allart écrit que "les enfants de pères tardifs défendent leurs pères, la position des adolescents est plus difficile, le père vieillissant est un père vulnérable à protéger […]. Les adolescents cherchent à se différencier de leurs parents tout en comptant sur eux, la ‘désidéalisation’ parentale est d’autant plus facile que les parents sont solides […]. La relation avec les pères de 70 ans et plus serait marquée par la honte et la gêne vis-à-vis de leur entourage, ces adolescents évitant de montrer leurs pères".
* Belaish-Allart J. Age du père et reproduction. La Revue du Praticien Médecine Générale. Tome 24. N° 836. 23 février 2010
Revue médicale suisse (Jean-Yves Nau) 31/03/10