Conseil pontifical pour la famille : Gender, la controverse

Publié le 31 Août, 2011

Afin de répondre aux interrogations suscitées par l’introduction de la théorie du genre dans les manuels de biologie des classes de premières, le Conseil pontifical pour la famille a publié, le 12 septembre 2011, un ouvrage rassemblant les analyses de 7 experts. Intitulé Gender, la controverse, il regroupe les articles publiés sur le sujet en 2005 dans le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques.Une solide préface récapitulative de Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste, l’introduit.

 

Selon lui, la théorie du genre, selon laquelle les genres masculin et féminin ne sont que des constructions sociales distinctes du sexe biologique, consacre un certain nombre de confusions nocives pour l’individu et la société. Cette idéologie, qui se présente insidieusement comme libératrice et non discriminante, est en réalité un véritable cheval de Troie pour les revendications homosexuelles et féministes radicales afin de remettre en cause les paradigmes essentiels du couple, du mariage, de la filiation et des relations homme/femme, piliers de l’ordre social.

 

Ainsi, en confondant identité sexuelle et rôle social, elle nie l’identité personnelle du sujet. Celle-ci s’élabore à partir de l’intériorisation psychique du corps sexué dans un système de représentation propre au sujet et dans un second qui relève de la culture.

 

Cette identité sexuelle ne peut être confondue avec les différentes orientations ou désirs sexuels pouvant se présenter chez un sujet (homosexualité, hétérosexualité, bissexualité, …) Sans un travail psychique pour en évaluer la signification et la pertinence, ces orientations “ne sont que des complexes intra-psychiques non dénoués de la sexualité humaine et qui n’ont pas vocation à être source de lien social et de référence éducative“.

 

Quant à la bisexualité psychique, état premier de la sexualité humaine qui permet à l’enfant de s’identifier à l’autre sexe afin d’intérioriser le sens de la différence sexuelle et d’être capable d’entrer en relation intime ave l’autre sexe, ne signifie pas qu’on est porteur des deux sexes. On ne participe à l’humanité qu’en étant homme ou femme. En se fondant sur la bisexualité psychique, “l’idéologie du genre est surtout le symptôme de l’immaturité affective et sexuelle contemporaine qui se vérifie dans un certain infantilisme social et politique“.

 

Il rappelle, en les distinguant, que toutes les formes d’attachement sentimental ne se valent pas et ne réunissent pas les conditions nécessaires à la formation d’un couple. On ne saurait donc reconnaître le mariage homosexuel sans de graves conséquences sociales : “Lorsque la société est dans le déni de la différence sexuelle, qui est une des lois fondamentales de son organisation, elle court le risque de déstabiliser son édifice en entier et l’ensemble de ses représentations symboliques“. Elle sape également les fondements de la filiation et fait porter à l’enfant tout le poids symbolique de la famille. Dans un “couple” homosexuel, “l’enfant risque d’être simplement attendu pour prolonger un enfermement personnel en croyant que l’on peut être éducateur parce qu’on ne peut pas être parent“. Citant le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi intitulé Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles, il souligne que “l’institution juridique de l’homosexualité est inacceptable et contraire à l’intérêt même du bien commun, de la société et de la maturation des personnes, à commencer par les plus jeunes.

 

Pour Jutta Burggraf, docteur en psychopédagogie et en théologie, on ne peut penser une discontinuité entre le sexe biologique et le genre sans verser dans le pathologique : “Il existe dans la personne humaine une unité profonde entre les dimensions corporelles, psychiques et spirituelles, une interdépendance entre le biologique et le culturel. Le comportement a un fondement dans la nature et ne peut s’en dissocier complètement.” S’il y a bien eu des discriminations injustes à l’égard de la femme, ce n’est pas tant le sexe biologique qui est en cause que des pratiques culturelles non respectueuses de la nature de la femme.

 

Oscar Alzamora Revoredo, président de la Commission ad hoc pour la femme de la Conférence épiscopale péruvienne, revient sur les fondements idéologiques de la théorie du genre. Issue du mouvement féministe radical, celle-ci ne vise pas à améliorer la condition de la femme, mais à la séparer de l’homme qui est considéré, en soi, comme dominateur. Adrienne Rich, féministe radicale, professe ainsi que “la pénétration hétérosexuelle est un viol, quelle que soit l’expérience subjective contraire“. La déconstruction des genres passe alors avant tout par la déconstruction de la famille traditionnelle, non seulement parce qu’elle rendrait l’épouse esclave, mais aussi parce qu’elle conditionne les enfants de sorte qu’ils acceptent la famille, le mariage et la maternité comme quelque chose de naturel. La déconstruction du genre féminin passe également par la promotion de la contraception et de l’avortement.

 

Xavier Lacroix, professeur de théologie morale, rappelle que la différence sexuelle est fondamentale dans la compréhension même de la filiation. C’est en effet dans la rencontre de deux personnes sexuées, engagées dans une relation et une alliance l’une envers l’autre, que toute personne est biologiquement conçue. “A qui fera-t-on croire qu’il soit indifférent qu’il [l’enfant] ait avec lui ou avec elle une relation d’origine, c’est-à-dire qu’avec cet homme ou cette femme il ait partie liée à travers toute son histoire, depuis son commencement de telle sorte que son identité même soit impliquée dans le lien ? Que ce lien passe non seulement par des représentations, par le mental donc, ou par le langage, mais aussi et d’abord par l’être, par l’être corporel, ne saurait non plus être indifférent.

 

Beatriz Vollnerr de Coles, docteur en philosophie, relit la distinction – réelle – entre genre et sexe biologique à la lumière des concepts thomistes d’âme et de corps. “Si je peux superposer le sexe à l’aspect tangible, matériel, corporel du composé humain, et le genre à celui de la transcendance, de la forme et de l’âme, il ne semble pas possible qu’un genre (masculin ou féminin) puisse venir à l’existence sans un sexe spécifique (masculin ou féminin),“conclut-elle. De là, “le genre est une manifestation unique de notre sexe qui va au-delà du corps et dépasse les environnements sociaux, tandis qu’il doit toute son existence aux deux.” Dans ces conditions, le genre épanouit pleinement la personne et lui fait atteindre une félicité plus profonde que le seul plaisir de suivre ses pulsions immédiates.

 

Angelo Scola, docteur en philosophie et en théologie, part de la difficulté à penser la différence sexuelle et montre que toute différence s’enracine en fait dans une identité : “la catégorie de différence dit toujours une unité dans laquelle persiste une polarité, une dualité. Non comme une opposition dialectique mais bien comme ouverture à l’autre. Ainsi, la différence sexuelle constitutive du moi caractérise une relation, celle de l’homme et de la femme, pour laquelle l’autre n’est pas purement extrinsèque au moi, mais en raison même du rapport identité-différence, en quelque sorte, lui est aussi intérieure.” Pour lui, la différence sexuelle est donc la condition fondamentale de l’ouverture à l’autre.

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