Marcela Iacub, juriste et chercheur au CNRS, revient sur la dénomination “crime contre l’humanité” attribuée au clonage dans le projet de révision des lois de bioéthique. Elle ironise sur “l’inventeur” de cette “catégorie criminelle baroque“, à savoir le ministre de la Santé Jean-François Mattéi, qui punit plus fortement le fait de donner naissance à un clone que le fait de le tuer.
Pour elle, ce qui doit être protégé n’apparaît pas clairement dans cette nouvelle dénomination pénale. C’est comme si il y avait un “crime” sans victime car si ce “crime” protège l’appartenance de la personne à l’espèce humaine, cela signifierait-il qu’un clone ne soit pas doté du statut d’être humain ?
Marcela Iacub voit dans cette dénomination une volonté non de “protéger les individus d’un mal qui leur serait fait” mais de protéger “une entité collective qui serait définie par la reproduction sexuelle“.
“N‘est-il pas inquiétant que l’Etat s’autorise à distribuer des peines aussi lourdes pour punir ce qui n’est après tout qu’une technique procréative, au détriment de toute prise en considération de l’intérêt des individus eux-mêmes ?”
Libération (Marcela Iacub) 04/11/03