Dominique Lecourt, professeur de philosophie revient sur les enjeux du clonage.Si la grande majorité le condamne et le qualifie de crime contre l’humanité, quelques partisans du clonage répliquent que par cette technique on disposerait d’une nouvelle méthode de procréation qui, encadrée, s’ajouterait à celles que l’on connaît aujourd’hui.
Les opposants au clonage rappellent qu’il s’agit d’une atteinte à la dignité humaine et pourtant personne ne s’entend pour définir ce qu’est « la dignité de la personne humaine ». Les trois grandes religions monothéistes s’accordent pour condamner le clonage reproductif en se référant chacune à leur dogme. Mais l’auteur affirme que ces mêmes dogmes ont souvent inspiré au cours du temps des haines et des conflits meurtriers. Il souhaite donc que l’on s’interroge sur la valeur de ces dogmes.
Cette question du clonage permet de révéler l’importance accordée par tous à la sexualité dans la procréation. Or s’interroge l’auteur, cette situation "ne prolonge-t-elle pas fort logiquement un processus qui a séparé depuis quelques décennies sexualité et fécondation, fécondation et procréation" ?
Enfin, Dominique Lecourt revient sur la question du clonage thérapeutique et rappelle les trois argument avancés en faveur de son interdiction : d’une part la technique est la porte ouverte au clonage reproductif, ensuite elle conduit à détruire des « cellules embryonnaires » et donc "des personnes potentielles", enfin elle vient bousculer notre représentation de la condition humaine comme l’ont déjà annoncé Francis Fukuyama (cf revue de presse du 16/10/02) et Jürgen Habermas (cf revue de presse du 05/12/02 . Face au clonage, l’auteur considère qu’il est nécessaire « de faire preuve d’invention normative […] juridique, éthique et politique », c’est à dire de réinventer la norme …
Le Figaro 15/01/03