La naissance d’Eve, premier bébé cloné est pour le généticien Axel Kahn, une annonce destinée à faire de la propagande sectaire d’autant plus que cette annonce n’a pas été suivie de preuves.
Il rappelle qu’environ 700 animaux clonés vivent aujourd’hui mais que le taux de réussite (1%) de cette technique reste très faible. Il explique que personne "n’est parvenu à cloner des singes, une espèce proche de l’espèce humaine. Il semble donc que cloner un primate, et notamment un primate humain, d’un point de vue biologique, soit difficile".
Axel Kahn fait remarquer que "le clonage thérapeutique, quand on y regarde de très près et qu’on discute avec des spécialistes, n’est guère thérapeutique". Fort de ces constatations, il se déclare "contre le clonage thérapeutique qui est en fait un clonage d’embryons à visée cognitive (servant à la compréhension de phénomènes cellulaires fondamentaux) et contre le clonage reproductif même maîtrisé et sûr".
Il rappelle que l’altérité biologique est le socle sur lequel l’enfant va bâtir son altérité psychologique. Il souhaite que l’on considère le clonage humain comme un crime et que l’on montre une extrême compassion envers les éventuelles victimes que seraient les bébés clonés.
Cette annonce, même si elle semble peu crédible a jeté le discrédit sur la communauté scientifique notamment vis à vis des spécialistes du clonage animal : "jusqu’à présent, on se sentait très éloigné de l’application de nos techniques à l’homme. Mais aujourd’hui, on se demande jusqu’à quel point nos travaux n’ont pas servi à ceux qui veulent utiliser cette technologie de façon malsaine" s’insurge Xavier Vignon chercheur à l’INRA.
La Croix (Jean-Marie Guénois – Marianne Gomez) 13/01/03