Luc Noël, responsable de la lutte contre le "tourisme de transplantation" au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) analyse, dans Le Monde, les conséquences de la nouvelle législation chinoise sur le prélèvement d’organes.
Jusqu’à maintenant, la source du trafic en Chine venait des prélèvements d’organes effectués sur des condamnés à mort. Les organes étaient greffés sur des receveurs étrangers. Cette activité représentait plusieurs milliers de transplantations annuelles. En 2005, le vice-ministre chinois de la santé s’engageait à faire cesser le commerce d’organes. Le 6 avril dernier, le Conseil d’Etat chinois adoptait une loi plus stricte interdisant la commercialisation d’organes et définissant la notion de "consentement". Parallèlement, les autorités chinoises développent des alternatives : prélèvement sur des donneurs vivants apparentés ou sur des personnes en état de mort cérébrale.
En 2004, l’Assemblée mondiale de la santé qui réunit les Etats membres de l’OMS adoptait une résolution dénonçant le tourisme de transplantation et le trafic d’organes, et encourageant le développement des dons de reins prélevés sur des personnes vivantes.
Luc Noël définit le tourisme de transplantation comme le déplacement géographique de différents acteurs dans le but d’effectuer une transplantation aux dépens d’une personne vulnérable. Dans ce cadre, il existe des flux bien connus comme celui des Brésiliens qui vont se faire prélever un rein en Afrique du Sud, organe ensuite greffé sur des Israéliens.
Au Pakistan ou en Inde, des textes ont déjà permis de mettre un terme au tourisme de transplantation sans faire cesser pour autant les trafics internes. La nouvelle législation chinoise devrait ébranler ce commerce.
En conclusion, Luc Noël estime que chaque pays doit réfléchir à cette question pour parvenir à une forme d’autosuffisance.
Le Monde (Jean-Yves Nau) 12/05/07