Louis Puybasset, anesthésiste réanimateur à l’Hôpital Pitié Salpêtrière de Paris revient dans le quotidien, La Croix, sur la nouvelle loi sur les "droits des malades et la fin de vie " adoptée par le Sénat le 12 avril dernier. Il estime que cette loi offre à l’Europe une alternative crédible aux dispositions adoptées par les belges et les hollandais.
Il se félicite que cette loi renforce les droits du patient, propose un cadre législatif strict aux "bonnes pratiques cliniques" et légalise "la procédure collégiale" pour faciliter le dialogue entre le personnel soignant et la famille lorsque le patient est inconscient.
Pour L. Puybasset, la légalisation de l’euthanasie aurait conduit à son instrumentalisation. Il estime que le concept défendu par les partisans de l’euthanasie repose sur une ambiguïté : "s’agit-il de trouver une solution pour les patients incapables de se suicider et souffrant de douleurs morales ou physiques incoercibles ou bien s’agit-il d’ouvrir un nouveau droit, celui de contrôler pour tout un chacun l’heure de sa propre mort, la société et plus particulièrement les médecins étant chargés d’en fournir les moyens ?" Il estime que dans cette seconde solution, la société aurait été amputée de son concept essentiel d’altérité "nous faisant basculer dans une sorte de néo barbarie" qui rappelle les heures les plus noires de l’histoire européenne. Il rappelle ainsi que le programme "Aktion T4" qui a servi de modèle à l’extermination nazie avait débuté en octobre 1939 par l’euthanasie d’un enfant handicapé.
Il s’inquiète des dérives possibles de l’euthanasie en Hollande où l’on glisse progressivement d’une option médicale vers une option sociétale. Ainsi ce pays envisage-t-il d’élargir ses indications aux patients qualifiés de "souffrant de la vie". Il en est de même en Belgique où les médecins peuvent dorénavant se procurer en pharmacie des kits d’euthanasie.
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La Croix 04/05/05