Le Pèlerin consacre un dossier à la recherche sur les cellules souches, embryonnaires et adultes, intitulé "Polémique autour des cellules souches".
Pour Marc Peschanski, directeur de I-Stem, laboratoire dépendant du Généthon, les cellules souches embryonnaires représentent "l’espoir de pouvoir, demain, greffer des cellules à des patients dont les organes sont détériorés".
Pourtant, souvent présentée comme la "révolution médicale du 21ème siècle", cette "thérapie régénératrice" ne fait pas l’unanimité, y compris chez les scientifiques. Axel Kahn, directeur de l’Institut Cochin (Paris), souligne le fait que l’on ignore la fonctionnalité à long terme des ces cellules une fois réimplantées. Une étude américaine a montré que ces cellules présentaient aussi un important risque tumoral.
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui s’inquiètent d’une recherche qui "instrumentalise" l’embryon. Le Pr Jacques Testart, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dénonce cette "dérive éthique". Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, rappelle que : "ces recherches ont pour point de départ la destruction de l’embryon. Or, même s’il est tout petit, même s’il ne nous ressemble pas, l’embryon appartient à l’espèce humaine et ne peut être manipulé comme un simple matériau biologique". L’Eglise condamne elle aussi fermement cette recherche qui conduit à la suppression d’êtres humains.
D‘autant plus que d’autres pistes de recherches existent avec les cellules souches adultes qui, elles, ont déjà donné de probants résultats thérapeutiques. L’équipe de Michèle Martin, directrice du laboratoire du Centre d’études atomiques (CEA) du Génopole d’Evry, a notamment réussi à transformer des cellules souches de moelle osseuse en cellules d’épiderme. En France, chaque année, près de 3 000 patients ayant subi des séances de chimiothérapie ont une greffe de cellules souches issues du sang pour régénérer leur moelle osseuse.
Pourtant, en vue de la révision de la loi de bioéthique de 2004, prévue en 2009, quelques scientifiques militent pour la légalisation de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Selon la loi de 2004, ces recherches sont autorisées à titre dérogatoire. Depuis le décret de février 2006, et avec l’accord de l’Agence de biomédecine, la création de lignées de cellules souches embryonnaires à partir des embryons "surnuméraires" (au nombre de 130 000) est permise. Certains s’élèvent contre ces contraintes, comme Pierre-Louis Fagniez, député, dont le rapport intitulé "Cellules souches et choix éthique" publié en juillet, est un plaidoyer pour autoriser le clonage comme prolongement aux recherches sur les cellules souches embryonnaires.
Pèlerin.info (Antoine d’Abbundo, Marie Christine Vidal) 06/11/06