Le Groupe consultatif provincial-territorial[1] d’ « experts sur l’aide médicale à mourir » a rendu son rapport final le 30 novembre. Ce rapport propose, décliné en 43 recommandations, « une approche authentiquement canadienne » de l’aide médicale à mourir.
Il a soulevé l’indignation du « collectif des médecins contre l’euthanasie », car il « ouvre les vannes au-delà de tout ce qui se fait ailleurs – même dans les juridictions les plus permissives – par des recommandations qui laissent toute la place à l’interprétation subjective et potentiellement irrationnelle ». Il prône « la mort sur demande pour tout le monde…même pour les enfants », dénonce Aubert Martin, directeur général du réseau citoyen Vivre dans la dignité. En effet, les auteurs « affirment que la définition d’un ‘adulte’ devrait inclure les enfants parce qu’elle ‘a trait à la capacité du patient à donner son consentement, plutôt qu’à une limite d’âge [pour pouvoir] donner accès à l’aide médicale à mourir aux patients en possession de leurs facultés, peu importe leur âge’ ».
Le rapport préconise par ailleurs « d’étendre au personnel infirmier et aux adjoints des médecins le pouvoir de donner la mort », et l’obligation pour les personnes ou institutions qui refusent d’y participer de « trouver un volontaire qui fera le travail à leur place ». Une autre recommandation précise que « dans les circonstances où le nombre de médecins est limité, les provinces et les territoires devraient permettre le recours à des évaluations médicales virtuelles et à des téléconsultations médicales ».
Enfin, les auteurs recommandent à l’Etat de « financer toutes les démarches d’euthanasie et de suicide assisté ». Cette mesure ouvrirait « toute grande les portes aux abus financier et à la pression sociale que redoutent tant les personnes malades ou âgées qui craignent de devenir un fardeau pour leur entourage », analyse Aubert Martin. Ce rapport « milite pour l’accès universel à la mort sur demande au lieu d’exiger des bons soins pour tout le monde », reléguant « la prudence et la protection de la population canadienne au plus bas de la liste des priorités », conclue-t-il.
[1] Le groupe provincial territorial a été créé en aout 2015 avec pour mission de réaliser une « analyse éthique prudente des divers enjeux liés à la mise en œuvre de l’aide médicale à mourir qui doit accompagner l’élaboration des politiques, de la législation et de la réglementation ».
Huffington Post (21/12/2015)