La recherche pharmaceutique cherche à faire recette dans les biotechnologies mais "c’est plus compliqué que ce qu’on croyait", explique Pierre Le Sourd, président de Bristol-Myers Suibb France. "Ce qui reste à faire est extrêmement complexe et la production des nouvelles technologies reste pour l’instant très embryonnaire".
Les grands industriels de la pharmacie, les "big pharmas", cherchent à être détenteurs du "médicament miracle". Pour ne pas laisser une piste prometteuse au concurrent, ils multiplient les partenariats avec les start-up spécialisées dans les recherches sur les mécanismes génétiques ou cellulaires fondamentaux. Après s’être rendu compte que le séquençage du génome humain avait peu d’intérêt thérapeutique, les experts se sont penchés sur le "protéonome", c’est à dire le recensement de toutes les protéines existantes dans l’organisme, ce qui correspond à des années de travail. D’autres experts voient dans l’identification des kinases, une source de médicaments ciblés pour soigner des maladies graves. Par exemple, le Salt Institue vient de lancer un programme de recherche en partenariat avec la société de biotechnologie Sugen (du groupe Pfizer-Pharmacia).
En moins de 10 ans, le nombre d’accords entre les grands industriels de la pharmacie et les start-up des biotechnologies a pratiquement été multiplié par 10. Cette course aux partenariats se fait parfois au détriment des "big pharmas" dupés par les concepts soi-disant très prometteurs de certaines start-up. Ce qui fait dire à Jonathan Knowles, directeur scientifique du groupe Roche : "je n’ai jamais cru à la révolution génétique. Il faut inverser le processus et partir du besoin des patients en partageant les connaissances". Mais pour lui, ce n’est pas aux entreprises privées de financer des recherches de base. Aux Etats-Unis, le budget public de la recherche dans les sciences de la vie va atteindre les 27 milliards de dollars cette année. Philippe Kourilsky, président de l’Institut Pasteur, déplore qu’en France "notre retard s’aggrave et notre dépendance en ce domaine va s’accentuer".
Les Echos (Alain Perez) 10/03/03