Bioéthique : ne pas céder à une “logique destructrice”

Publié le 7 Juin, 2011

Mgr. Guy-Marie Bagnard, évêque de Belley-Ars, évoque les enjeux considérables liés à la révision de la loi sur la bioéthique. Il constate que celle-ci "se déroule dans une surprenante discrétion" et que "tout se passe comme si […] il fallait l’envelopper d’un silence protecteur pour mieux le faire aboutir".

Parmi les multiples problèmes soulevés par l’évolution des techniques médicales se trouve la question délicate, "étrangement irrésolue", de "l’identité de l’embryon" qui conditionne pourtant les décisions de bioéthique : "reconnaître que l’embryon est un être humain en ses commencements conduit à remettre en cause toute une législation, en vigueur depuis des décennies, en particulier celle concernant l’avortement" ; a contrario, refuser à l’embryon le statut d’être humain place "dans une position insoutenable, car il faut alors répondre à la question subsidiaire qui n’est pas la moindre : s’il n’y a pas trace d’humanité au point de départ, quand pourra-t-on la détecter par la suite ?"

Le débat sur la recherche sur les cellules embryonnaires humaines s’inscrit dans "ce contexte de flou entretenu" qui "permet d’avancer dissimulé en endormant les consciences" observe Mgr Bagnard, qui remarque qu’ "à cet assoupissement savamment guidé, s’ajoutent évidemment les effets d’une guerre d’usure dont le principal moteur est le profit".

En perdant le "nord éthique", la société entraine inexorablement la jeunesse dans son sillage. Les avortements chez les mineures ne cessent de croître, laissant les responsables politiques démunis, lesquels n’ont d’autres ressources qu’administratives et techniques. "Rien n’est dit sur l’éducation à la maîtrise de soi, sur le respect de son corps et du corps de l’autre, sur le sens de la responsabilité personnelle, sur le sens des liens dans l’amour partagé, sur l’engagement et la prise en compte des actes que l’on pose, sur leur gravité avec les séquelles médicales et psychologiques qui découlent de l’élimination de l’enfant, l’avortement devenant quasi officiellement la plus sûre des méthodes contraceptives".

Avec une emprise de plus en plus manifeste de l’Etat sur les corps et les consciences, on assiste "sans bruit, à une régression sans précédent d’une civilisation qui a mis plusieurs millénaires à se construire. Comment ne pas alerter les esprits sur la gravité de cette logique destructrice mise en marche déjà depuis plusieurs décennies, et qui va s’intensifiant !" Afin de ne pas sombrer, il est nécessaire, conclut Mgr Bagnard, de "suivre la règle des règles que Soljenitsyne s’était donné à lui même comme ligne de conduite absolue, et qui résume tous les préceptes de la dissidence : ne pas mentir".

Par ailleurs,  le 30 mai 2011, dans un texte intitulé "Cher embryon humain…", Mgr. Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, rappelle que c’est un "choix de civilisation" qui est en jeu à travers la révision des lois de bioéthique. Dans un style direct, s’adressant directement à l’embryon humain, Mgr. Podvin interroge sur le décalage entre la volonté de certains chercheurs de libéraliser largement la recherche sur l’embryon humain et le fait que des alternatives éthiques de recherche existent. "Pourquoi ce décalage ? Des lois économiques non avouables sous-tendraient-elles les choix ? Il n’est pas naïf de le penser. Il n’est pas honnête de ne jamais le dire à l’opinion". Alors que la législation européenne requiert aujourd’hui la protection de l’embryon animal, "fera-t-il donc demain, en notre occident, une météo éthique plus favorable à devenir animal qu’à devenir humain ?" demande Mgr. Podvin. Votée ces jours-ci, la loi de bioéthique n’est pas un texte parmi d’autres : "en un quart d’heure de suffrage parlementaire, ils peuvent, [les parlementaires] […] nous faire changer de civilisation. Sans que nous ne nous en rendions compte. Oui, ni plus ni moins, selon le statut accordé au vulnérable des vulnérables".

Zenit 07/06/11 – catholique-belley-ars.cef.fr 03/06/11 – Valence.cef.fr 30/05/11

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