Bernard Debré : ”Faire le choix de l’homme”

Publié le 6 Jan, 2003

Le professeur Bernard Debré, ancien ministre et ancien membre du Comité national d’éthique, dénonce quant à lui « la révolution eugénique » que traverse le domaine de la procréation. Toutes les manipulations en matière de diagnostic prénatal ou pré-implantatoire permettent de choisir et d’éliminer des fœtus ; c’est la base de l’eugénisme. A partir de là nous partons dans une véritable spirale de l’eugénisme dit « d’évitement » : puisque le médecin a les moyens de connaître l’état du fœtus, n’a-t-il pas le devoir d’en informer les parents ? Une fois ces derniers informés, au nom de quoi les empêcherait-on de demander un avortement et au nom de quoi ne leur permettrait-on pas d’intenter un procès pour refus d’information ? 
Une autre forme d’eugénisme existe : c’est l’eugénisme de « création » qui permet la naissance de bébés-médicament.
Aujourd’hui avec le clonage reproductif, c’est l’eugénisme narcissique qui voit le jour et c’est en l’état des choses le seul qui est unanimement condamné. Mais une fois que les bébés seront là, faudra t-il pour autant les supprimer ? 
Il est un autre danger qui nous guette explique Bernard Debré, c’est celui de l’eugénisme d’Etat qui consisterait pour la Sécurité sociale à faire pression sur les couples afin qu’ils évitent de mettre au monde des enfants handicapés car enfin, un enfant handicapé coûte cher… Cet eugénisme reproduirait celui des nazis et de certains pays totalitaires. Pour éviter cela rappelle t-il, l’Etat a le devoir de développer sa politique d’accueil des personnes handicapées. 
Enfin le Professeur Debré revient sur la question de l’euthanasie qui pourrait devenir un complément dramatique à l’eugénisme d’Etat. « Mourir dans la dignité ! Qui d’entre nous voudrait mourir dans l’indignité ?» s’interroge Bernard Debré qui rappelle qu’il est intolérable de laisser souffrir des personnes alors que nous possédons tant de drogues antalgiques. Et pourtant la tentation de créer cet eugénisme d’Etat au motif que la vieillesse coûte cher à la Sécurité sociale n’est pas si loin. 
Ainsi donc du début de la vie avec l’eugénisme d’évitement jusqu’à la fin de la vie avec une euthanasie de suppression volontaire, l’homme perdrait ainsi sa singularité d’être incomparable et unique. Pour l’instant les réflexions sur l’homme sont rares. Les lois sur lesquelles on discute ne sont votées que pour répondre à des « pulsions conjoncturelles » et ne font pas l’objet d’une réflexion dans le temps. « Il faudra pourtant un jour faire le choix de l’homme » conclut-il.

Le Figaro 06/01/03

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