Bébés à la carte

Publié le 8 Mar, 2019

Agrégé en sciences naturelles et docteur d’Etat ès sciences (neurobiologie), Jean-François Bouvet fait une analyse décapante des conséquences de la FIV (Fécondation In Vitro). Croisée avec les révolutions technologiques que sont le séquençage du génome humain et les « ciseaux moléculaires » ou CRISPR/Cas9, la FIV entraîne la sélection des individus et la modification de leur patrimoine génétique. C’est le Big Bang de la procréation ! Sans la FIV, l’utérus artificiel est peu envisageable, pas de GPA avec mère porteuse et « parents intentionnels » de sexe différent ou de même sexe, pas, en France, l’équivalent de la population de Rennes en embryons congelés, pas de vitrification d’ovocytes qui met sur « pause » l’horloge biologique féminine…

 

Côté PMA (Procréation Médicalement Assistée), aujourd’hui, on peut choisir son donneur de sperme (ou sa donneuse d’ovocytes) sur un site web, commander d’un clic avec paiement en ligne et recevoir le sperme congelé dans une boite isotherme, livré par DHL prêt à l’emploi ! C’est un marché mondial très concurrentiel et très lucratif. Où les femmes sont des « clientes », non des « patientes » ! En France, le don de gamètes est anonyme et gratuit.

 

On est sur la pente glissante : la FIV entraîne le DPI (Diagnostic Pré Implantatoire), que l’auteur semble justifier pour mieux souligner son caractère délétère, puis la sélection des meilleurs embryons à transférer dans l’utérus de la future mère. On peut aussi concevoir par FIV des « bébés médicaments », donneurs sains et compatibles pour leurs frères ou sœurs malades. Pour certains chercheurs, notamment en Chine, l’avenir est dans le tri précoce des embryons, pour ne garder que les plus performants. « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, pour eux, c’est « le monde des meilleurs » ! Et malgré la Convention européenne d’Oviedo (4 avril 1997), qui définit les limites à ne pas franchir en matière de modification du génome humain, un usage incontrôlé des manipulations génétiques est déjà en cours. Grâce aux « cellules souches pluripotentes » (cellules IPS), deux femmes auraient la possibilité de faire un bébé toutes seules, sans le sperme d’un homme, mais ce ne pourrait être qu’une fille ! Et les hommes pourraient être un jour à l’origine, non seulement de spermatozoïdes, mais aussi d’ovocytes !

 

Quant à la GPA (Gestation Pour Autrui), c’est un business prospère à part entière, qui exploite souvent les femmes les plus démunies, et va du low cost au premium ! La GPA peut porter à cinq les partenaires impliqués : donneuse d’ovocytes, donneur de sperme, gestatrice et couple d’intention – soit cinq « parents » différents pour un seul enfant !-… et même six, avec la fourniture, par une femme, autre que les géniteurs, de mitochondries ! C’est la dernière étape de la dissociation entre sexualité et reproduction, commencée avec la pilule contraceptive. Où la rupture du lien biologique entre mère et enfant a des conséquences durables. Et où on assiste à une marchandisation de l’enfant. Or « personne n’a droit à un enfant » ! La GPA est encore interdite en France, mais jusqu’à quand ? Quant à l’utérus artificiel, il ne relève plus entièrement de la science-fiction. Et la liberté qu’il serait censé procurer viserait à la disparition de la différence des sexes.

 

« En matière de reproduction humaine, ce qui est techniquement possible est en passe d’être réalisé » ! Tel le clonage potentiel d’humains. Il y a mondialisation des compétences sans universalité des valeurs ! L’artificialisation de la reproduction humaine est en marche. L’eugénisme se précise de plus en plus. Et en fait de « meilleur des mondes », c’est le pire des mondes qui se prépare.

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