Axel Kahn et ”l’ultime liberté”

Publié le 6 Nov, 2008

A l’occasion de la sortie de son ouvrage "L’ultime liberté" sur la fin de vie, Axel Kahn, généticien et président de l’université Paris-V, a accordé une interview à l’hebdomadaire La Vie. Il s’élève d’abord contre le fait de présenter le "droit de mourir" [c’est-à-dire l’euthanasie, NDLR] comme "l’ultime liberté" alors que "les conditions dans lesquelles on est amené à demander l’euthanasie ou le suicide assisté ne sont quasiment jamais des conditions de liberté". "Où est la liberté quand on est le jouet de douleurs tyranniques ?", interroge celui pour qui il est indispensable avant toute chose de "restaurer la possibilité d’un vrai choix".

Axel Kahn dit mener ce combat au nom de la dignité et dénonce l’association faite entre l’euthanasie et la "mort digne" : "cela signifie que l’on pourrait, à l’inverse, "mourir indigne"" et, si "une personne peut elle-même douter de sa dignité jusqu’à vouloir mourir", "la société ne doit pas renvoyer cette image, ni introduire cette idée dans la loi".

Il revient ensuite sur le concept d’"exception d’euthanasie", en faveur duquel le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dont il était alors membre, s’était prononcé en 2000. Huit ans après, c’est "un terme ambigu" que le généticien préfère éviter. "Lorsque la loi interdit de tuer, il ne me semble pas satisfaisant qu’elle prévoie les conditions dans lesquelles ce principe excellent peut être battu en brèche."

Quant à la loi Leonetti, dont certains jugent qu’elle est "hypocrite" parce qu’elle encadre la possibilité de "laisser mourir", Axel Kahn estime que si le résultat est le même entre endormir un patient jusqu’à la fin et lui injecter un produit létal, le geste diffère. "Le geste du médecin n’a pas pour but d’interrompre la vie, il doit soulager."

Enfin interrogé sur sa propre mort, Axel Kahn n’exclut pas de se suicider (s’il perdait ses fonctions intellectuelles) mais, "je ne demanderais pas, alors, à la société de m’aider ou de cautionner mon choix, ni à la loi de prendre la responsabilité d’une telle décision".

La Vie (Claire Legros) 06/11/08

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