Alors que l’avortement est promu comme une liberté de choix pour les femmes, de récents travaux indiquent qu’elles le font souvent par contrainte.
En Ecosse, l’année dernière, un « nombre record » d’avortements pourrait avoir été motivé par les « inquiétudes liées au coût de la vie », selon le British Pregnancy Advisory Service (BPAS)[1].
Plus d’avortements dans les régions pauvres
En 2022, 16 584 avortements ont été pratiqués d’après les données de Public Health Scotland. Une augmentation de 19%. Or, cette croissance n’est pas uniforme. Au total, 4 744 interruptions de grossesse ont été enregistrées chez les femmes vivant dans les régions les plus pauvres du pays, contre 2 219 dans les régions les plus aisées. Et si le nombre d’avortements a augmenté dans toutes les catégories de revenus, la hausse a été moins prononcée dans les régions plus aisées.
Racheal Clarke, du BPAS, note une « très forte augmentation du nombre de femmes qui viennent nous voir » au cours des 18 derniers mois. « Il s’agit en particulier d’une augmentation du nombre de femmes très inquiètes du coût de la vie et de l’impact qu’il aura sur elles et sur leur famille », explique-t-elle. Des femmes qui, « il y a quelques années, auraient choisi de poursuivre une grossesse, mais qui sont maintenant confrontées à des décisions très difficiles concernant l’avenir de leur emploi, l’assurance de leur logement, la possibilité de se nourrir, de se chauffer et d’avoir de l’électricité ».
Une « épidémie cachée »
Les Ecossaises ne sont pas un cas isolé. En effet, une étude publiée par la revue médicale Cureus [2] indique que seul un tiers des femmes qui ont avorté le souhaitait réellement. Pour 43% des femmes, il s’agissait de quelque chose « d’incohérent avec leurs valeurs et leurs préférences » bien qu’elle l’ait accepté. 24% affirment même avoir été forcées à avorter.
L’étude a porté sur 1000 femmes résidant aux Etats-Unis âgées de 41 à 45 ans. 226 avaient avorté. 60% des femmes qui ont subi une IVG ont déclaré qu’« elles auraient préféré accoucher si elles avaient reçu plus de soutien ou bénéficié d’une plus grande sécurité économique »[3].
« Bien que les réactions positives et négatives coexistent souvent », « l’épidémie cachée d’avortements non désirés est réelle et beaucoup plus importante que les gens ne l’imaginent », analyse David C. Reardon, auteur de l’étude [4]. « Seule une minorité d’avortements sont librement choisis sans pression extérieure », affirme le chercheur.
[1] BBC, Abortion rise in Scotland may be driven by cost of living, says charity, Morven Mckinnon (31/05/2023)
[2] Reardon D C, Rafferty K A, Longbons T (May 11, 2023) The Effects of Abortion Decision Rightness and Decision Type on Women’s Satisfaction and Mental Health. Cureus 15(5): e38882. doi:10.7759/cureus.38882
[3] En 2018, une étude, l’étude Turnaway, affirmait un « taux de satisfaction » de 99% chez les femmes ayant avorté. Les auteurs de cette nouvelle étude interrogent ce résultat notamment en raison de la faible participation à l’enquête Turnaway, à savoir 31%, quand eux ont obtenu une participation de 91%.
[4] One of Us, New studies confirm that 67% of abortions are unwanted and leave psychological sequelae (30/05/2023)
Cet article de la rédaction Gènéthique a été initialement publié sur le site d’Aleteia sous le titre : Avorter à cause du coût de la vie.
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