« Ma réaction a été de me battre pour vivre avec ma maladie. Aujourd’hui la société n’admire plus ce courage-là. Elle admire le choix de la mort. » Dans une tribune publiée par le journal La Croix, Edwige Mouttou, une mère de quatre enfants qui a appris être atteinte de la maladie de Parkinson à l’âge de 44 ans, veut répondre à l’intervention du philosophe André Comte-Sponville devant la Convention citoyenne (cf. Fin de vie : deux visions s’opposent lors des auditions parlementaires).
Quelle liberté ?
« Vous direz que chacun est libre de demander ou non le suicide assisté, que cette liberté de choix n’enlève rien à ceux qui veulent vivre ? » Pourtant, « donner la liberté à certains de recourir au suicide assisté, c’est admettre que leur vie ne vaut rien », dénonce Edwige Mouttou.
« La loi de demain distillera le doute car l’Etat proposera la mort pour certains, au travers de la liste des maladies éligibles. N’est-ce pas une manière de décider pour nous ? », pointe-t-elle. Finalement « donner la liberté de recourir au suicide assisté c’est autoriser la société à faire pression pour que certains aient l’élégance de demander la mort et ne pas peser ».
Une « étrange alternative »
« Donner la liberté de recourir au suicide assisté c’est placer les personnes devant une étrange alternative : vivre ou mourir ? », relève Edwige Mouttou. Car « si quelqu’un de notre entourage se suicide, ses proches disent-ils : “Quel courage ! C’est merveilleux pour lui et pour sa famille !” » ? « Et si quelqu’un vient nous parler de se suicider, disons-nous : “Bien sûr, tu as raison, ta vie ne vaut pas la peine d’être vécue !” » ?
La patiente anticipe par ailleurs : « Notre pays fera l’économie des soins palliatifs pour les improductifs dont je fais partie. En supprimant le malade on supprime la souffrance. Imparable. » (cf. Canada : 1200 euthanasies en plus, 149 millions de dollars de frais de santé en moins).
Pourtant, rappelle Edwige Mouttou, « l’honneur d’une société, d’une civilisation est dans le fait qu’elle donne à la vie, et en particulier à la vie du plus faible, une valeur infinie et qu’elle est prête à engager tout ce qu’il est possible de faire pour préserver cette vie ».
Source : La Croix, Edwige Mouttou (25/02/2023) – Photo : Pixabay