Au Népal, les avortements sélectifs de plus en plus nombreux

Publié le 19 Mar, 2021

Une étude révèle l’ « ampleur croissante » du phénomène des avortements sélectifs au Népal, visant les petites filles pour privilégier les garçons. Selon l’étude, entre 2006 et 2010, il manquait environ une fille sur cinquante dans les registres. Entre 2010 et 2011, ce chiffre est passé à une fille « manquante » sur 38. Certaines régions sont spécialement touchées : à Arghakhanchi, il manque une fille sur six. L’étude a été publiée cette semaine dans la revue British Medical Journal (BMJ) Open[1].

Le ratio naturel d’une population est de 105 garçons pour 100 filles. A Katmandou on compte en moyenne 115 garçons pour 100 filles. La discrimination s’effectue « avant et après la naissance », car les chercheurs ont remarqué que dans les régions les plus impactées « les filles sont plus susceptibles de mourir avant l’âge de cinq ans que les garçons ».

La préférence pour les garçons est très ancrée dans la culture : ceux-ci sont « considérés comme des atouts économiques et sociaux », quand les filles sont « considérées comme un fardeau financier », nécessitent une dot et quittent le foyer familial au moment du mariage. Les avortements sélectifs sont « à la fois illégaux et passibles de peines de prison », mais les lois concernées restent très peu appliquées : les chercheurs estiment que « plus de la moitié des avortements pratiqués en 2014 étaient illégaux ».

C’est la dépénalisation de l’avortement en 2002, ainsi que la généralisation des échographies à partir de 2004 qui ont provoqué l’envolée de cette sélection, suscitant « des inquiétudes croissantes ». « Au fur et à mesure que la fécondité baisse et que l’urbanisation s’intensifie, le nombre d’avortements sélectifs augmente » explique le Dr Melanie Channon, auteur principal de l’étude, du département des sciences sociales et politiques de l’université de Bath. Plus les femmes sont riches et instruites, plus elles sont « susceptibles d’avoir recours à l’avortement sélectif par sexe ». En outre, plus la technologie deviendra « disponible et abordable », plus les avortements sélectifs augmenteront au Népal, alertent les chercheurs. Ils estiment que même les lois coercitives -déjà existantes- ne seront pas efficaces tant que les mentalités n’auront pas évolué. Par conséquent, ils « exhorte le gouvernement népalais à reconnaître ce problème » et à « adapter une stratégie nationale multisectorielle pour le combattre ».

 

[1] Melanie Dawn Channon et al, Prevalence and correlates of sex-selective abortions and missing girls in Nepal: evidence from the 2011 Population Census and 2016 Demographic and Health Survey, BMJ Open (2021). DOI: 10.1136/bmjopen-2020-042542 

Source : Medical Press, University of Bath (18/03/2021) ; Pixabay\DR

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