Denise Batters, sénatrice de Saskatchewan (Canada), signe une tribune dans laquelle elle dénonce le récent rapport de la Commission parlementaire mixte sur l’aide médicale à mourir, et soutient que plutôt que de tuer les malades mentaux, il faudrait les aider.
Son mari, le parlementaire Dave Batters, s’étant suicidé il y a quelques années justement dans un contexte de grave dépression sévère, Denise Batters connaît le sujet, il la touche très personnellement.
Selon elle, si les scrutins révèlent que la plupart des Canadiens sont en faveur du suicide assisté, c’est aussi que ceux-ci sont poussés à penser que ce ne pourrait être une option ouverte qu’aux personnes malades en phase terminale, et ils veulent d’ailleurs que des limites très claires définissent qui peut y prétendre. A la place, le rapport ouvre « la porte à de nombreux scénarios choquants ».
En effet, la commission n’a pas requis que la maladie soit en phase terminale ou menace la vie de la personne. Elle a inclut dans les conditions d’accès à cette aide médicale à mourir les souffrances psychologiques sans aucune obligation de consultation psychiatrique, et a même recommandé une extension aux « mineurs matures ». Ce qui dépasse largement les paramètres dessinés par la Cour suprême du Canada dans sa décision Carter c/ Canada. Pour la sénatrice, rien ne justifie cette position qui fait seulement appel à un « avis en ligne » d’un inconnu un peu léger pour une telle décision.
Assurant être la dernière personne qui pourrait prétendre que les personnes souffrant de troubles mentaux ne méritent pas un égal traitement devant la loi, elle souligne le fait que « dans le contexte de l’aide médicale à mourir, la maladie mentale implique une certaine vulnérabilité qui doit être considérée avec attention », dans toute sa complexité, mais qu’elle ne présente pas en elle-même de caractère « terminal ». Selon la sénatrice « nous ne pouvons pas faire accéder les malades mentaux au suicide assisté si nous sommes incapables de leur permettre un plein accès aux options de traitements et de soutien ».
« Comment peut-on attendre de ceux qui soignent les personnes souffrant de troubles mentaux qu’ils préviennent le suicide, tout en signant l’arrêt de mort d’un patient malade mental ? » questionne-t-elle.
Soulignant la nécessité de préserver l’espoir des personnes souffrant de maladies mentales, et de les accompagner, de les protéger, notamment dans un contexte où le suicide assisté devrait devenir une réalité (cf. Canada : de l’aide médicale à mourir ou du suicide assisté), Denise Batters a invité les Canadiens à faire entendre leur voix sur ce sujet, pour demander que l’accès à l’aide médicale à mourir ne soit pas étendu façon démesurée.
National Post (14/03/2016)