Monette Vacquin, psychanalyste, et le P. Alain Mattheeuws, s.j., professeur de théologie morale à l’Institut d’Etudes théologiques de Bruxelles, donneront une conférence à 2 voix à Notre-Dame sur le thème : "Agir : A chacun sa vérité ?".
Monette Vacquin, qui se présente elle-même comme juive athée, montre que la science aujourd’hui n’est plus seulement la connaissance des lois de la nature mais qu’elle tend à devenir "interventionniste et à recomposer le monde au nom d’une raison militante". Elle prend l’homme comme un objet scientifique. Ainsi, la fécondation in vitro qui, à la base devait aider les couples stériles à avoir des enfants, est devenu en Espagne, accessible pour les couples non stériles. Par le clonage, l’homme veut "s’émanciper de la parentalité" et veut casser ce qui existe. Elle précise que la science pourtant "n’a pas à s’arroger le monopole de la rationalité, au détriment de la rationalité juridique, anthropologique, de la psychanalyse, etc.".
Elle explique qu’aujourd’hui, nous vivons une société inédite. D’un côté, la science a forcé beaucoup de limites et de l’autre nous avons perdu la notion d’intérêt général au profit de situations particulières. Pourtant "c’est aux autres que nous devons ce que nous sommes".
Un univers moral avec des règles stables engendre des névroses liées à l’excès d’exigences. A l’inverse dans un monde où "autrui ne joue plus sa fonction de borne et de repère", le psychanalyste observe un "Moi qui se dilate". L’homme raisonne comme un enfant de 4 ans : "je fais ce que je veux". Chacun fait alors ce qui lui plaît dès lors que ça "ne dérange" pas autrui. Elle s’inquiète du fait que, petit à petit, les tabous dressés par la société au fil du temps disparaissent. Ainsi, l’interdit de tuer commence à vaciller.
Elle estime enfin que la société est à un tel niveau de crise que personne ne peut déchiffrer à l’avance la façon dont elle va évoluer.
De son côté, le père Alain Mattheeuws met en garde contre la conscience mal éclairée : "je fais cet acte, je pense que c’est bien, donc c’est le bien que je fais". Il explique que le bien est "ce qui est bon pour l’homme et pour tout homme". Pour agir, l’homme ne doit pas regarder uniquement ce qui est bon pour lui mais ce qui est bon pour autrui.
Interrogé sur les découvertes en bioéthique, il estime que l’intuition de l’Eglise à cet égard est souvent prophétique : "la meilleure preuve en est offerte dans la réflexion sur le respect inconditionnel dû à l’être humain dès sa conception".
Il estime enfin que l’Eglise progresse dans l’élaboration de sa doctrine morale grâce aux nouvelles questions qui se posent aujourd’hui.
Paris Notre-Dame (Louise d’Orglandes) 22/03/07