Dans un Tribune du journal La Croix[1], Marie Andrée Blanc, Présidente de l’UNAF, Nathalie Parent, Présidente d’Enfance & Familles d’Adoption, et Jean Marie Muller, Président de la Fédération Nationale des ADEPAPE s’inquiètent du contenu du rapport de la mission parlementaire sur l’adoption du 10 octobre[2], « qui s’éloignerait des besoins réels de l’enfant » (cf. Réforme de l’adoption : les préconisations des parlementaires).
Expliquant que : « l’écart entre le nombre de candidats à l’adoption et le nombre d’adoptions s’aggrave avec la diminution drastique des adoptions internationales, alors que les adoptions d’enfants pupilles de l’État sont à peu près stables », les auteurs de la tribune soulignent que l’adoption reste un univers « mal connu ».
Saluant l’avis rendu par le Conseil national de la protection de l’enfance relatif à l’amélioration de la préparation et de l’accompagnement des candidats à l’adoption, et notamment la « qualité des propositions avancées » « dans le strict intérêt des enfants », ils reviennent sur l’accusation selon eux « infondée » de la mission parlementaire qui avait jugé la composition et le fonctionnement des conseils de famille « opaques ».
Ils expliquent : « Les conseils de famille sont composés d’hommes et de femmes nommés par le préfet, qui, quels que soient leurs statuts et leurs sensibilités, assurent l’avenir des enfants pupilles de l’État ». « Le tuteur et le conseil de famille exercent les responsabilités liées à l’autorité parentale. » Ainsi, « si un projet d’adoption est possible pour cet enfant, c’est le conseil de famille qui fera le choix du ou des parents qui lui paraissent le plus approprié pour lui ».
Rappelant que « le rapport met plus particulièrement en cause les représentants des Unions départementales des associations familiales, lorsqu’ils sont adhérents à des associations pointées comme pouvant être ‘d’obédience religieuse’, parce que le nom de leur association d’origine contient pour exemple les termes ‘catholique’ ou ‘protestant’ », ils s’insurgent : « dans un pays comme le nôtre, où nombreuses sont les organisations, notamment caritatives ou professionnelles, ont des références similaires, il est inadmissible de mettre ainsi en cause l’éthique et la neutralité de ces représentants ».
Ils remettent également en cause la recommandation du rapport de privilégier l’adoption simple : « Quel sens aurait le recours systématique à l’adoption simple, en maintenant, par exemple, le lien de filiation avec une famille qui serait absente, maltraitante ou toxique ? En quoi cela répondrait-il aux besoins réels de l’enfant ? », alors que l’adoption plénière « n’efface en rien son histoire mais permet aux enfants d’accéder à une place pleine et entière dans leur nouvelle famille, avec des garanties que n’offre pas l’adoption simple ». Et de rappeler que « c’est uniquement à partir des besoins de l’enfant déterminés par un ‘bilan de projet de vie’, de son histoire particulière que la forme de l’adoption doit être déterminée et non en privilégiant systématiquement une des formes d’adoption ».
[1] L’adoption, un univers encore mal connu.
[2] Rapport présenté par la députée Mme Monique Limon et la sénatrice Mme Corinne Imbert et remis au premier ministre et au secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance.
La Croix (11/12/2019)