Olivier Cayla, agrégé de droit public et directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), revient sur le concept de "dignité de la personne humaine", "le plus flou des concepts".
Chacun reconnaît que "le respect de la dignité commande de ne jamais instrumentaliser la personne humaine". Ainsi, le clonage reproductif est reconnu par tous comme un "crime contre la dignité humaine". Mais il s’étonne que ceux qui d’un côté prônent ouvertement la condamnation du clonage reproductif, demandent de l’autre la légalisation du clonage thérapeutique. Car il pose cette question fondamentale : "le clonage thérapeutique ne reviendrait-il pas à instrumentaliser l’humain ?" Cette position paradoxale s’explique, selon lui, par le refus de voir dans l’embryon une "personne humaine". Il déplore que certains, afin de mieux utiliser des cellules embryonnaires pour la recherche, parlent de "pré-embryon" au lieu d’un embryon.
Il montre que le concept de "dignité de la personne humaine" est trop souvent utilisé à temps ou à contre temps comme un argument de force qui, quelque soit l’objet, assoit l’autorité de son énonciateur puisqu’il l’élève en sauveur de l’humanité. Qui oserait passer "comme un dangereux ennemi de l’humanité" ?
Le Monde (Olivier Cayla) 31/01/03