Jean-Paul Renard, directeur de recherches à l’INRA et Jacques Bonniot de Ruisselet, agrégé de philosophie et enseignant à la Sorbonne reviennent sur les enjeux de la révision de la loi sur la bioéthique, notamment sur l’autorisation de la recherche sur l’embryon humain.
Le débat autour du clonage, de la potentialité des cellules souches ou de la recherche sur l’embryon a créé un climat d’incertitude entraînant un rapport tumultueux entre recherche scientifique, processus législatif et réflexion éthique.
L‘hésitation de la science sur la définition même de l’embryon ne pourra pas rester sans conséquence sur les définitions juridiques et philosophiques, estiment -ils. “La réflexion et les débats éthiques ne peuvent plus se contenter de camper sur des représentations du vivant que les découvertes successives ne cessent de fragiliser” ajoutent-ils.
Ils dénoncent l’attitude qui prévaut aujourd’hui au niveau de la recherche qui voudrait les thérapies sans dilemmes éthiques, l’absence de tout risque sans recours à l’artificiel, l’innovation sans remise en cause de nos représentations du vivant.C’est pourquoi, ils estiment nécessaire de distinguer les enjeux de connaissances des applications pour une appropriation maîtrisée des innovations par la société.
Ainsi concluent-ils, “l’accumulation des connaissances et leur évolution très rapide en biologie nous invitent à repenser le partage entre la responsabilité du chercheur, celle de l’homme politique et celle du citoyen.”
Le Monde 08/07/03