Alors que la Cité des sciences et de l’industrie de Paris consacre une exposition aux tests génétiques, à l’imagerie médicale et au dépistage, à la veille de la révision des lois de bioéthique, Ségolène Aymé, généticienne et épidémiologiste, directrice de recherche à l’Inserm et responsable d’Orphanet, répond aux questions du Monde sur les tests génétiques dont le développement a connu un essor sans précédent ces dernières années.
Pour Ségolène Aymé, il faut d’abord modérer l’enthousiasme suscité par les récentes découvertes faites en matière de génétique. Si la médecine génétique "a fait d’énormes progrès ces vingt dernières années", il ne faut pas la "mettre à toutes les sauces". Celle-ci permet d’expliquer aux personnes atteintes d’une maladie génétique pourquoi elles souffrent et de savoir si, dans leur famille, d’autres personnes présentent des risques ; "avec le diagnostic préimplantatoire (DPI), par exemple, on rend d’immenses services à certains couples très éprouvés par des maladies rares". Mais, "pour ce qui est des maladies communes, la génétique ne joue qu’un petit rôle à côté d’une multitude de facteurs".
D‘après elle, "beaucoup de tests génétiques actuellement proposés sont de l’arnaque", "leur utilité médicale est nulle". Et puis, elle s’interroge sur la balance bénéfice-risque : "à trop savoir, le risque est d’être confronté à des situations difficiles à gérer" et ce d’autant que "les politiques de dépistage précoce peuvent faire apparaître des maladies qui se seraient très tardivement ou jamais exprimées"…
Le Monde (Ségolène Aymé) 05/11/08