E. Hirsch : « Le sort de Vincent Lambert ne peut pas être simplement scellé par des décisions judiciaires »

Publié le 15 Juil, 2015

Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale de l’Université Paris-Sud « considère que le sort de Vincent Lambert ne peut pas être simplement scellé par des décisions judiciaires ». Celles-ci se sont succédées et contredites, et la décision revient aujourd’hui au CHU de Reims qui veut « engager une nouvelle procédure en vue d’une décision d’arrêt de traitement ».

 

Quelle intention se cache derrière cette nouvelle procédure ? « Probablement mettre enfin un terme à une controverse publique qui a fait irruption en pleine concertation nationale sur la fin de vie », décrypte Emmanuel Hirsch. Mais cela reviendrait à « considérer que la justification de l’arrêt de vie de M. Vincent Lambert ne relève plus désormais que d’une position légale ». L’«extrême complexité » de la situation ne mérite t- elle pas une « approche circonstanciée, prudente et personnalisée» ?

 

Il reproche au CHU de Reims, « sans remettre en cause les compétences mobilisées », de rester dans sa « posture initiale (…) comme si rien ne s’était passé », d’être pressée « d’agir et d’en finir », et de n’avoir d’autre considération que « le strict respect de la procédure administrative ». Sa « position immuable » entraine un « sentiment d’insatisfaction voire d’inabouti pour ne pas dire de ‘blocage’ » qui est regrettable.

 

Il plaide pour que « le processus décisionnel relatif au devenir de M. Vincent Lambert puisse bénéficier de l’étayage des instances nationales dont l’expertise a été sollicitée par le Conseil d’Etat en 2014 », et ne relève pas « de la seule autorité d’un médecin », dans ce « contexte si particulier » et du fait de sa « portée éminemment politique ». Il évoque le transfert de Vincent Lambert « dans un établissement qui permette à l’ensemble des membres de la famille d’avoir la conviction que l’arbitrage se ferait sans le moindre soupçon, dans un rapport de pleine confiance, susceptible, peut être, d‘atténuer les clivages au nom d’un intérêt estimé supérieur ».

 

A travers le visage de Vincent Lambert, ce sont toutes les personnes en état dit « pauci relationnel » qui se sont incarnées, et nous « imposent une considération et une réflexion plus exigeantes et pertinentes que la compassion fatale ». Elles « justifient de notre part une sollicitude qui ne se circonscrit pas à l’arbitrage des conditions de mise en œuvre de l’arrêt de leurs soins ».

 

Le Figaro (15/07/2015)

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